Article publié le 29 Septembre 2022 18:00:00
par Sophie MAXENCE

Bilan de l’été (2/2). La forte pression des abandons se poursuit

Cette année encore, les refuges et associations de protection animale ont dû faire face à un afflux important de prises en charges. En cause, une nette diminution des adoptions suivie d’une vague d’abandons.

En 2022, la SPA déplore la prise en charge de 16 457 animaux entre le 1er mai et le 31 août. L’année dernière à la même période, on comptait 16 894 animaux pris en charge. Si les chiffres sont en légère baisse cette année, la pression n’a pas pour autant diminuée pour les refuges comme l’explique à l’AFP Jacques-Charles Fombonne, président de la SPA : « Cette année, on a eu une baisse de presque 10% des adoptions dans le premier semestre ce qui nous a plombés. On a commencé l'été avec 7 000 animaux dans nos refuges alors qu'au 1er mai d'habitude on est à 3 500 ce qui nous permettait d'absorber la vague de l'été avec moins de difficulté ».

A l’instar de la SPA, l’été fût catastrophique pour de nombreux autres refuges et associations indépendants. « Nous avons eu une augmentation de 30% des abandons par rapport à d’habitude » indique ainsi Florence Damery, présidente du refuge Refuge de l'Espoir / SPA de Pierrelatte et du Tricastin dans la Drôme (26). Ses équipes ont eu à gérer un afflux inattendu de chiens en plus des nombreux chatons nés pendant cette période de reproduction des félins. Début septembre, le refuge de l’Espoir comptait encore 140 chiens, soit le maximum de ses capacités d’accueil. « Nous pensons que les chiens reçus cet été sont des animaux que les gens avaient depuis plusieurs années et dont ils se sont séparés car ils ne voulaient plus aucune « contrainte » après une période de privation de liberté, détaille Florence Damery. Peut-être que l’inflation a également joué, moins de propriétaires étant prêts cette année à payer une pension pour leur animal au départ des vacances. »

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Du côté du Comité du Chat de Sevran, en Seine-Saint-Denis (93), Nathalie Mare la présidente a également ressenti des effets collatéraux à la hausse du coût de la vie. « Parmi les chats que les gens nous ont abandonnés, beaucoup avaient des problèmes de dents ou de diarrhée. Nous avons également récupéré plusieurs chattes domestiques qui étaient gestantes. Dans tous les cas, les abandons peuvent être liés aux coûts des soins et des interventions vétérinaires. » L’inflation pourrait également être l’une des explications de la baisse des adoptions de chats selon Nathalie Mare. « L’année dernière nous avons fait environ 90 adoptions. Cette année, nous en sommes à une vingtaine. Les gens adoptent moins, ils n’ont plus les moyens. Surtout pour les chats âgés ou malades qui nécessitent des soins plus importants. »  

De moins en moins d’accalmie pour la reproduction des chats

Sans surprise, les naissances non contrôlées de félins ont encore une fois submergé les associations. « Cette année c’est pire que tout, constate ainsi Gilda de l’association l’Arche de la Gazelle dans les Bouches-du-Rhône (13). Nous avons eu un afflux de chatons qui se poursuit en septembre car les chattes sont toujours en chaleur. » La période de reproduction des chats, dont le pic a généralement lieu entre le printemps et l’automne, connaît en outre de moins en moins d’accalmie. « Les chattes ont fait des petits très tôt et elles vont continuer jusqu’au mois d’octobre au moins, explique madame Damery présidente du refuge de l’Espoir. Mais plus on avance dans l’année et plus les chatons qui naissent sont faibles. Les mères sont plus fatiguées et leur lait est moins nourrissant. »

La lutte contre la maltraitance reste au premier plan

Enfin, la maltraitance est un fléau de taille contre lequel les associations continuent de se battre. « Cette année nous avons été sollicités pour intervenir sur de nombreux cas de tortures physiques ou psychologiques sur des chats, plus que les années précédentes » indique Nathalie Mare du Comité du chat de Sevran. S’il est difficile de mesurer l’ampleur de ce phénomène en l’absence de données suffisantes, les actes de cruauté sur les animaux restent élevés en France, notamment pendant la période estivale. La SPA, qui a renforcé les moyens de son pôle investigation, a indiqué à l’AFP avoir été « plus active que jamais » sur les mois de juin, juillet et août avec 7 796 enquêtes menées sur le terrain - soit 3 fois plus qu'en 2021.