Article publié le 09 Décembre 2021 20:00:00
par Sophie MAXENCE

C’est la journée internationale pour le droit des animaux

Le 10 décembre est une journée de sensibilisation et de mobilisation pour promouvoir et défendre les droits des animaux. Si la France a connu des avancées majeures ces dernières années, il reste encore du chemin à parcourir dans de nombreux domaines. 

La journée internationale pour le droit des animaux est célébrée chaque année le 10 décembre. En France, cette initiative est relayée par le collectif « International Campaigns » qui appelle à organiser des manifestations silencieuses devant les sites où les droits des animaux sont bafoués. 

La date du 10 décembre n’a pas été choisie au hasard. Elle correspond au jour anniversaire de la ratification de la Déclaration des Droits de l’Homme. L’objectif est donc d’engager une réflexion globale sur les droits de tous les êtres vivants et « d’instaurer un débat public à propos de la manière dont les animaux sont traités », indique le collectif.

Un tournant historique

Il est à noter que la France a connu des avancées majeures ces dernières années sur ces sujets.  Le 28 janvier 2015 marque un tournant historique pour notre pays. Depuis cette date, le Code civil reconnaît enfin l’animal comme un être vivant doué de sensibilité. Ce changement est le fruit d’un combat mené par plusieurs grandes associations de protection animale dont la Fondation 30 Millions d’Amis. Il traduit également une évolution de notre société en faveur des animaux et de leur protection juridique.

Le 30 novembre 2021 est une deuxième date importante pour le droit des animaux puisqu’elle correspond à la promulgation de la loi contre la maltraitance animale. Le texte contient plusieurs mesures saluées par le monde de la protection animale. Mais beaucoup d’associations ont également pointé du doigt les limites et les lacunes de ce texte. « Il est certain que cette loi représente une avancée pour notre pays, même si ce n’est absolument pas encore suffisant par rapport aux besoins », résume ainsi la fondatrice de la Brigade de la Protection Animale (BPA), une association qui regroupe des policiers, gendarmes et civils pour sauver les animaux maltraités.

Selon la responsable de l’association, les mesures les plus significatives de cette loi contre la maltraitance animale sont : la fermeture des delphinariums, prévue en 2026, la fin progressive des animaux sauvages dans les cirques itinérants d’ici 2028, l’interdiction des carrousels à poneys ainsi que l’interdiction de l’élevage d’animaux pour leur fourrure. « Certaines de ces interdictions n’entreront en vigueur que dans quelques années, mais il s’agit tout de même d’une avancée. Cela permet aux acteurs des filières concernées d’opérer une reconversion et laisse du temps pour trouver des solutions d’accueil à des animaux qui ne sont plus capables de vivre en liberté, mais qu’on ne veut plus emprisonner. »

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Chasse à courre, corrida, combat de coqs : « Comment un pays comme la France peut-il accepter cela ? »

La fondatrice de la BPA émet en revanche plus de réserves concernant d’autres mesures emblématiques de cette loi, à commencer par le « certificat d’engagement et de connaissance des besoins spécifiques de l’espèce » que chaque acquéreur d’un animal doit désormais signer. « Je doute des effets que peut avoir ce document, car on peut signer un papier sans l’avoir lu. A mon sens, il faudrait que les futurs propriétaires aient une formation auprès d’un éducateur, ne serait-ce que quelques heures, à l’issue de laquelle il leur serait remis un certificat d’aptitude. »

La présidente de la BPA regrette également la situation des NACS et des reptiles, qui ne sont pas concernés par l’interdiction de la vente en animalerie, ainsi que des animaux des élevages intensifs, autres grands oubliés de cette loi. « Le texte n’intervient pas non plus dans les domaines de la chasse, particulièrement la chasse à courre, et de la corrida, qui est un scandale national auquel personne n’ose s’attaquer. Les combats de coqs, dont on parle moins, sont également toujours autorisés dans certaines régions. Comment un pays comme la France peut-il accepter cela ? », s’indigne la présidente de l’association.

Si des avancées notables ont donc vu le jour en France ces dernières années, le chemin à parcourir est encore long. « Avec la loi contre la maltraitance animale, nous avons un peu rattrapé notre retard. Nous étions quand même l’une des lanternes rouges de l’Europe en matière de protection animale … mais évidemment il y a encore beaucoup à faire », souligne la responsable de la BPA, qui conclut : « même si l’évolution est très lente, je pense que l’opinion publique ne peut que continuer à inciter les politiques à avancer sur ces sujets. Je reste optimiste ! »