Article publié le 10 Septembre 2022 16:00:00
par Sophie MAXENCE

Un sauvetage de cochons nains sur fond d’alerte à la peste porcine

La famille de cochon sauvée par l'association des Alpes-maritimes © Poils de tendresse

 

L’association Poils de tendresse dans les Alpes maritimes a recueilli cet été des porcelets et leur mère, non identifiés. L’occasion de rappeler les règles de détention des cochons pour les particuliers, alors que la peste porcine africaine progresse dangereusement en Europe.

Allison Sanchis est responsable de l’association Poils de tendresse situé à Saint-Étienne-de-Tinée, dans les Alpes maritimes (06). Alors que le département est en alerte vigilance peste porcine africaine (PPA), Allison a contacté Solidarité-Peuple-Animal pour nous faire part d’un sauvetage de cochons nains afin de sensibiliser les détenteurs de ces animaux aux règles à respecter et aux acquisitions responsables.

Fin mars, sept porcelets ont ainsi été découverts dans une propriété privée. « Au départ, les personnes pensaient pouvoir les laisser libres sur leur terrain. Mais lorsqu’ils ont découvert deux porcelets noyés dans leur piscine, ils ont compris que ce n’était pas une solution durable » détaille Allison Sanchis. Après avoir entamé des démarches pour trouver les propriétaires des cochons nains, non identifiés, la famille d’accueil improvisée a cherché une association susceptible de les aider pour la prise en charge des cochons. « C’est finalement par l’intermédiaire d’une assistante vétérinaire que ces personnes ont pu me contacter. Poils de tendresse était le seul refuge des environs à accepter ces porcelets et leur maman » explique la responsable.

Alors que la PPA menace la France (voir encadré ci-dessous), le département des Alpes maritimes, voisin de l’Italie où des cas de cochons affectés ont été déclarés, est sous haute surveillance. Selon Allison Sanchis « c’est l’une des raisons pour lesquelles aucun autre refuge n’a pu accepter ces cochons. Il faut répondre à des normes sanitaires et de sécurité bien précises, se déclarer détenteur et suivre une formation de biosécurité auprès de la chambre d’agriculture. »

Des acquisitions responsables

Une fois un lieu d’accueil trouvé pour la famille de cochons, restait une opération délicate à accomplir : la capture de la mère et de ses petits. « Les propriétaires du terrain ont installé un van d’équitation dans lequel ils ont déposé de la nourriture. Quand la petite famille a fini par monter dans le véhicule, ils ont fermé la porte.  La cochonne était affolée, il a fallu rénover le van après. Deux porcelets ont échappé à l’opération, ils ont été capturés après et ont rejoint leur mère » détaille Allison Sanchis.

Grâce, la mère, et ses petits, à l'abri chez Poils de tendresse en attendant leur adoption. ©Poils de tendresse

L’histoire se termine bien. Après un contrôle vétérinaire et la castration des mâles, quatre porcelets sur cinq ont été adoptés dans l’été par différentes familles. La maman et le dernier porcelet vont être adoptés ensemble, après une prise de sang de contrôle obligatoire pour la mère, et son identification.

« Ça a été compliqué de les faire adopter car il n’y a pas beaucoup de personnes qui peuvent réellement bien s’occuper de ces animaux, tandis qu’on reçoit plusieurs demandes de prises en charge » précise cependant Allison Sanchis, qui regrette un phénomène de mode autour du cochon nain.  « Sur les réseaux sociaux on trouve des groupes faisant la promotion de ces cochons, laissant entendre que ces animaux vont se comporter comme un chien qu’on va pouvoir sortir en laisse et faire vivre dans un appartement. Or, d’une part ils ne sont pas du tout fait pour une vie en intérieure, d’autre part, il faut savoir que même si on parle de cochons nains, dans les faits, il y en a très peu qui restent de petite taille. Les personnes se trouvent alors vite dépassées. Elles n’arrivent plus à gérer les reproductions parce que les cochons n’ont pas été castrés, ou bien encore la transformation de leur jardin en grand terrain de boue. »

 

 

Alerte peste porcine : les mesures de biosécurité
©ministère de l'Agriculture
Depuis le début de l'année, 285 foyers de peste porcine africaine (PPA) sont apparus dans des élevages européens, avec près de 71.000 cas comptabilisés par l'Organisation mondiale de la santé animale (OMSA) au 1er septembre relate l’AFP. Surtout présente sur la partie orientale du continent, la maladie est apparue dans un élevage en Italie et dans deux foyers en Allemagne. La France et les Pays-Bas ont été épargnés jusqu'à présent. Mais les pays touchés ont de « grandes difficultés à contrôler et à éliminer la maladie » selon l’OMSA qui s’inquiète d’une progression de la maladie « à un rythme alarmant » en Europe.
Sans aucun risque pour les humains, la PPA est en revanche mortelle pour les cochons et les sangliers (absence de traitement et de vaccin). Voici, selon le ministère de l’Agriculture, les points essentiels que les détenteurs particuliers de cochon doivent appliquer pour maintenir leurs animaux en bonne santé et protéger les autres.
- Déclarer son animal auprès de l’Établissement de l’Élevage (EDE) et désigner un vétérinaire sanitaire à la Direction départementale en charge de la protection des populations (DDPP).
- Protégez vos cochons des sangliers et de la faune sauvage qui peuvent transmettre des maladies dont la PPA. Il faut donc détenir les cochons à l’abri dans un lieu complètement clos : un bâtiment, une cabane ou un abri avec une courette.
- Respecter des règles d’hygiène : les vêtements, les chaussures, les mains ou encore le matériel peuvent être contaminés sans le savoir. Il est donc recommandé de se laver les mains et d’enfiler une tenue spécifique avant d’entrer dans l’enclos ou d’être en contact avec ses cochons.
- Gérer l’alimentation et la litière : la PPA peut se transmettre à vos cochons par les aliments ou les déchets alimentaires contenant du porc ou du sanglier infecté, même ceux provenant de notre alimentation. Il ne faut pas donner à vos cochons d’aliments destinés à l’être humain. Par ailleurs, la litière peut être souillée par des déjections ou le passage de sangliers. Il faut donc stocker la litière, mais aussi la paille et l’alimentation des cochons dans un bâtiment/abri fermé ou clôturer la zone de stockage.
- Gérer les cochons morts : les cadavres sont source de pathogènes et attirent d’autres animaux. Il faut, entre autres, évacuer les cochons morts immédiatement et les stocker dans un endroit à l’abri des autres animaux et en particulier des sangliers jusqu’à ce qu’ils soient ramassés par l’équarrissage.