Article publié le 10 Mars 2022 17:00:00
par Sophie MAXENCE

Cosa Animalia œuvre pour les pigeons en ville

L’association Grenobloise a permis l’installation de 4 pigeonniers de régulation dans sa ville, afin de mettre fin aux méthodes « inefficaces et cruelles » de captures et de mises à mort de ces oiseaux encore trop peu considérés.

Créée en 2003, l’association grenobloise Cosa Animalia (38) a pour objectif de venir en aide à tout type d’animal. Très active auprès de chats des rues, Cosa Animalia a également d’autres petits protégés : les pigeons de sa ville. « Cela faisait un moment que notre association voulait s’impliquer auprès de ces animaux généralement très peu considérés » explique ainsi Andréa la présidente.

Comme pour les chats libres, l’association prône une gestion durable et respectueuse des êtres vivants en termes de régulation des populations pigeons. Ainsi Cosa Animalia s’oppose aux méthodes « inefficaces et cruelles » de captures et de mises à mort de ces oiseaux, utilisées dans plusieurs villes pour limiter la surpopulation. « Si l’on fait disparaître une espèce animale d’un secteur, les quelques individus restants vont alors se reproduire à toute vitesse et les individus d’autres secteurs qui cherchent une place vont rapidement s’installer dans cet espace libéré. […] Persister dans cette méthode oblige à la renouveler sans fin » explique Cosa Animalia sur son site.

L’association a donc entamé un travail de fond auprès de sa mairie et de ses concitoyens pour arrêter le gazage des pigeons et mettre en place des pigeonniers de régulation. Grâce à un budget participe de 2016, le projet a été lancé et les premiers pigeonniers ont pu être installés en 2019, à quatre endroits différents dans Grenoble.

Un travail de régulation, de nourrissage et de suivi sanitaire

Les pigeons ont ainsi à leur disposition un endroit, généralement situé près d’un point d’eau, pour faire leur nid et grâce auquel ils sont suivis pour être soignés et nourris. « La régulation s’effectue en retirant des œufs des nids en fonction des saisons. Au printemps par exemple, nous retirons un œuf sur deux. Nous remplaçons l’œuf enlevé par un œuf factice. Cela fait que la femelle continue de couver et ne se remet pas à pondre immédiatement. Il est important de laisser quelques œufs éclore car sans quelques naissances, les pigeons iraient s’installer ailleurs » détaille Andréa.

Grâce à Cosa Animalia, 4 pigeonniers de ce type ont été installés à Grenoble. © Cosa Animalia

Pour assurer ce travail de régulation, le nourrissage, le suivi sanitaire et l’entretient des quatre pigeonniers installés dans Grenoble, Cosa Animalia rémunère une salariée assistée de quelques bénévoles.  « La ville fournit la majorité de la nourriture et elle a financé la construction des pigeonniers, précise la présidente de l’association. Mais le salaire de la personne qui s’occupe des pigeons ainsi que les soins apportés aux pigeons est à notre charge. »

L’association a cependant du mal à recruter des bénévoles pour cette mission. « La mauvaise image du pigeon joue. Il faut dire aussi qu’il s’agit d’une tâche difficile : l’entretien des pigeonniers consiste essentiellement à nettoyer la fiente de pigeon. Par ailleurs on est amené à souvent trouver des animaux morts, surtout en hiver, ou malades, prévient Andréa. Mais c’est un travail absolument nécessaire pour lequel on a besoin de régularité. Nous sommes toujours à la recherche de gens pour nous aider dans cette mission. »

Quel bilan depuis 2019 ?

S’il est encore trop tôt pour dresser un véritable bilan, les premiers effets positifs de l’installation de ces pigeonniers de régulation se font déjà ressentir : « nos pigeonniers ont été installés à la fin 2019. La première année, notre objectif était de fidéliser les pigeons dans le pigeonnier. Le taux de régulation n’était donc pas énorme car ce processus est long à mettre en œuvre. Il a fallu attendre 2021 pour avoir une vraie année de régulation. Selon les retours que nous avons de la mairie et des particuliers, il y a moins de plaintes dans les endroits où nous avons installés ces pigeonniers. »

Un matin par semaine, une équipe de Cosa Animalia fait le tour des 4 pigeonniers. © Cosa Animalia

Ces premiers résultats encourageants vont-ils inciter la municipalité à développer ce dispositif ?  « Sachant qu’un pigeonnier couvre un rayon de 500 mètres autour de son emplacement, il en faudrait beaucoup plus » informe Andréa. Pour développer le projet, Cosa Animalia compte sur le soutien de la population. « Nous avons récemment été contacté par un particulier qui voulait solliciter la mairie pour augmenter le nombre de pigeonniers à Grenoble » précise ainsi la responsable.

L’association est également prête à accompagner les autres communes qui souhaiteraient mettre en place des pigeonniers de régulation. « Nous avons déjà eu des demandes de la part de plusieurs villes du sud de la France, ainsi que d’une commune de la métropole de Grenoble pour savoir si on pouvait les aider dans la mise en place de ce système ! »

 

Pour soutenir l’association dans ce projet, mais également dans ses actions auprès des chats des rues, vous pouvez la contacter via son profil. « Nous sommes toujours preneurs de dons de croquettes, pâtées, bacs à litière et arbres à chats » indique Andréa.