Article publié le 05 Novembre 2023 09:00:00
par Sophie MAXENCE

La collaboration : une réponse incontournable aux défis de la protection animale

La 23ème édition de l'ICAWC s'est tenue du 3 au 5 octobre 2023 à Chypre ©Dogs Trust Worldwilde

La dernière édition de l’ICAWC, une conférence internationale sur le bien-être animale, a mis l’accent sur l’'importance des partenariats. Présente aux tables rondes, Solidarité-Peuple-Animal dresse un panorama de pratiques adoptées dans nos pays voisins.

L’International Companion Animal Welfare Conference (ICAWC) est l’une des principales conférences internationales consacrées au bien-être des animaux de compagnie. La 23ème édition s’est tenue dans la ville de Nicosie, à Chypre, du 3 au 5 octobre 2023 et a réuni plus de 200 délégués d’associations de protection animale issus de 33 pays différents, majoritairement européens.

La rencontre organisée par Dogs Trust Worldwide, permet chaque année aux acteurs du bien-être animal – de grandes fondations comme de petits refuges ou associations - de partager des idées, d’échanger avec des experts du secteur et de développer des réseaux de soutien avec d’autres défenseurs de la cause animale. Depuis deux ans, cette conférence est sponsorisée principalement par Nestlé Purina PetCare Europe dans le cadre son engagement pour améliorer la santé et le bien-être des animaux de compagnie, ainsi que promouvoir l’adoption responsable. Grâce à eux, Solidarité-Peuple-Animal a pu assister à cet événement d’envergure.  

Promouvoir la Journée Mondiale contre l'Abandon à l'international 

Pour notre plateforme, l’objectif était double : apprendre des expériences des autres associations, qui ont partagé leur succès mais aussi leurs difficultés, et présenter les contours de la Journée Mondiale contre l’Abandon des animaux de compagnie. « Nous avons encouragé des associations d’autres pays à s’approprier cette journée pour sensibiliser leur public et pour faire de cet événement une opportunité de récolte de fonds, de repas, ou de toute autre ressource pour les animaux dont ils s’occupent, explique Agnès Souchal, notre chargée de missions présente sur place. Nous prévoyons de fournir aux associations étrangères qui le souhaitent, des kits de communication avec des textes modifiables afin de les adapter à la langue du pays. »

Une initiative qui s’inscrit pleinement dans l’esprit de cette conférence dont le maître-mot était « la collaboration ». Agnès Souchal souligne ainsi : « mettre en place des partenariats entre les différents acteurs de la protection animale, mais aussi avec des associations humanitaires, des universités, des entreprises, etc. sont les seuls moyens de faire face aux défis actuels et à venir de la protection animale, comme les catastrophes naturelles ainsi que les conflits qui se multiplient dans le monde et menacent l’environnement, les animaux et les personnes qui prennent soin d’eux ».

L’ICAWC a ainsi permis d’esquisser les contours de différentes collaborations possibles au service de la protection animale. « La conférence était riche en échanges et en émotions, poursuit Agnès Souchal, on repart forcément avec la tête bouillonnante d’idées ! ». Des fiches pratiques seront donc rédigées à l’attention de nos associations membres. Ces fiches porteront sur différentes thématiques dont voici un tour d’horizon :  

  • Différencier les besoins des chats errants
    Les chats des rues sont un sujet de préoccupation incontournable pour de nombreuses associations de différents pays. Plusieurs colloques ont abordé cette question, convergeant vers une pensée commune : il faut trouver des alternatives au placement des chats dans les refuges qui arrivent trop vite à saturation. Cela pose notamment des problèmes sanitaires, liés au stress et au manque d’individualisation des soins, et pose question sur la vie qu’on peut offrir à ces chats, les politiques d’adoption individualisées étant difficile à mettre en œuvre. L’association anglaise International cats care défend ainsi l’idée que tous les chats errants n’ont pas les mêmes profils et qu’en fonction de leurs besoins, tous ne sont pas à placer dans une famille ou un foyer. D’autres solutions sont donc à trouver et à développer, comme les programmes de chats libres à la ferme en partenariat avec des agriculteurs.
  • Collecter de la data
    Une association thaïlandaise, la Soi Dog Foundation, a partagé les résultats d’un projet d’envergure, mené avec l’association Dogs Trust Worldwide, visant à réduire la population de chiens errants à Bangkok. L’efficacité de ce programme intitulé CNVR pour Catch, Neuter, Vaccinate and Return (Attraper, Stériliser, Vacciner et Replacer) a été renforcée par la collecte de différentes données, comme la densité des chiens en liberté, les indicateurs de reproduction ou bien encore les signes de propriété. L’analyse des statistiques a permis de mieux cibler les besoins ce qui a eu pour effet une baisse de 43% de la densité de la population canine sur 6 ans. L’expérience de la Soi Dog Foundation montre à quel point il peut être pertinent pour le milieu de la protection animale de se doter des bons outils et de faire appel à l’expertise de data analyst afin de croiser les données et d’appréhender les situations d’un point de vue global.

  • S’assurer du bien-être de bénévoles
    Charlotte Fielder, une militante anglaise pour la cause animale, a rappelé l’importance du bien-être des bénévoles au sein d’une association. Souvent mis à rude épreuve face à la misère animale, les bénévoles sont exposés à différentes expériences à forte charge émotionnelle, négative ou même positive, qui peuvent impacter la vie personnelle. Il faut donc accompagner psychologiquement ces personnes afin de préserver le collectif. Prendre soin de ses bénévoles c’est aussi prendre soin des animaux qui dépendent de toutes ces personnes engagées.

  • Se préparer aux catastrophes naturelles
    Les ONG Four Paws, IFAW et Humane Society International ont mis en lumière l’importance de mettre en œuvre des plans d’urgence en cas de catastrophes naturelles ou de crises. Dans la plupart des pays, les réponses prévues à différentes situations de risques sont uniquement destinées aux humains et ne prévoient pas le secours des animaux. Or des plans plus « inclusifs » permettraient de « réduire la vulnérabilité et l’impact des menaces pour construire la résilience » estiment les trois ONG. Ces dernières ne proposent pas de plans d’urgence préétablis pour les structures de protection animale. Chaque dispositif doit être pensé en fonction du contexte dans lequel se trouvent les refuges, les associations mais également les familles d’accueil.