Article publié le 15 Décembre 2020 14:00:00
par Sophie MAXENCE

Les associations et le délicat exercice des appels aux dons

En cette fin d’année, les campagnes d’appels aux dons se multiplient. Solidarité-Animal revient sur une problématique bien connue des associations : comment faire appel à la générosité des Français dans un contexte de sollicitations multiples ?

« Chaque nouveau départ est possible grâce à vous … » peut-on lire sur un post de la page Facebook de l’AFELP, association féline de Pontoise et Cergy, dont l’une des missions est d’offrir de nouvelles conditions de vie aux chat errants. Comme l’AFELP, de nombreuses associations renforcent leur appel aux dons lors des derniers mois de l’année. La raison est d’abord d’ordre fiscal explique Vanessa, une des bénévoles : « Notre association étant reconnue d’intérêt général, les donateurs peuvent bénéficier d’une déduction de 66% du montant du don, ou d’une adhésion. » Ainsi, tous les dons effectués avant le 31 décembre aux associations habilitées à émettre un reçu fiscal, permettent de réduire le montant des impôts sur le revenu au titre de l’année 2020.

Capture écran page Facebook AFELP

Mais les donations ne sont pas qu’une histoire d’impôt. A l’approche des fêtes de fin d’année, la mise en avant des valeurs de partage qui y sont associées permettent de mobiliser plus largement le grand public. Selon France générosité, un syndicat professionnel d’associations et de fondations, les dons des Français sont ainsi clairement saisonniers : « en 2019, 40,3 % des montants des dons ont été faits sur les mois d’octobre, novembre et décembre dont 22,5 % uniquement sur le mois de décembre. En 2019, 50 % des montants des dons en ligne sont faits uniquement en décembre » indique la dernière étude menée par l’organisme.*

Un juste équilibre à trouver  

Si les Français savent se montrer généreux - les dons des particuliers représentent près de 4,5 milliards annuels - on observe depuis quelques années une baisse du nombre de donateurs, même si 2019 fait figure d’exception. Parmi les explications possibles se trouverait une augmentation des sollicitations, notamment à travers internet.  « Nous essayons de trouver un équilibre dans la fréquence de l’organisation de nos campagnes, autours desquelles nous communiquons à petite dose, parce que nous comprenons que les gens en aient assez d’être beaucoup sollicités, explique ainsi Émilie de l’École du chat libre de Bordeaux. Pour l’AFELP les opérations de collecte d’argent en ligne sont également devenues de plus en plus concurrentielles : « Nous voyons beaucoup d’appels aux dons diffusés sur le web, émanant parfois de particuliers qui adoptent un animal. Nous comprenons que les gens puissent se sentir pris d’assaut. »

De nouvelles manières de faire campagne

Internet, en facilitant les appels aux dons, pourrait donc avoir un effet contre-productif dans « le secteur de la générosité ». Mais utilisé à bon escient, le fundraising digital offre aussi de nombreuses opportunités. Ce levier de financement déjà bien connu des grosses associations, concerne désormais les plus petites structures qui apprennent à maîtriser les nouveaux outils à leur disposition : « Il y a quelques années, nous ne faisions pas de campagnes particulières d’appel aux dons reconnaît Vanessa. Nous nous y sommes mis parce que des dispositifs comme les cagnottes en ligne se sont développés, et que des sites spécialisés comme Hello Asso sont apparus. »  

Shutterstock

Ces nouvelles manières de fonctionner correspondent également à une évolution des profils des donateurs. Ces derniers sont majoritairement des femmes de plus de 50 ans selon France générosité. Cependant on observe une mobilisation croissante de la jeune génération, notamment à travers l’utilisation du numérique. Ainsi, 43 % des 18-35 ans seraient prêts à organiser une collecte en sollicitant leurs proches via les réseaux sociaux. Et bonne nouvelle pour les associations et refuges animaliers, « la protection des animaux pour les jeunes donateurs est dans le top 3 des causes privilégiées, contrairement à l’ensemble de la population donatrice. »

Des systèmes favorables aux donateurs

« Ces 5 dernières années ont donné lieu à plusieurs innovations dans la collecte de fonds » constate France générosité. Les associations ne se contentent pas d’utiliser les ressources numériques, elles font également preuve d’ingéniosité pour diversifier leurs appels aux dons, tout en veillant aux portefeuilles des personnes sollicitées. C’est notamment le cas des petites structures qui n’hésitent pas à recourir au système des micro-dons. L’AFELP a ainsi développé un partenariat avec Teaming, une plateforme permettant aux personnes de donner 1 euro par mois à l’association de leur choix. « Cela ne représente pas beaucoup d’argent à l’échelle individuelle mais ça nous permet de récolter environ 80 euros par mois » détaille Vanessa.  

Ce sont alors « toutes les petites gouttes cumulées qui nous permettent de faire face » comme le constate pour sa part Émilie, de l’École du chat libre de Bordeaux. Son association va encore plus loin en développant des moyens de récolter de l’argent, sans que cela n’engendre de frais supplémentaires pour les donateurs. Pour cela, elle met en oeuvre différents systèmes relevant du principe du sponsor. Par exemple, la structure est devenue partenaire d’une jeune entreprise bordelaise, Chat-Pristi, spécialisée dans la vente en ligne d’accessoires et de vêtements dédiés aux amoureux des chats. Grâce à un code de réduction donné par L'école du chat libre de Bordeaux, le client bénéficie d’une promo de 10% sur son achat, et l’entreprise s’engage à reverser à l’association une partie de ses bénéfices.

Capture écran page Facebook École du chat libre de Bordeaux

L’école du chat libre de Bordeaux a également adopté cette année le système des Tookets, proposé par le Crédit Agricole. Il s’agit d’un principe de points solidaires, émis par la banque auprès de ses clients sociétaires ou de ses salariés, pour soutenir le tissu associatif local. A la fin de l’année, la banque convertit les cagnottes de Tookets en euros. « Ce système a bien fonctionné avec les gens qui ont eu vent de ce programme » constate Émilie, qui espère que le dispositif portera encore plus ses fruits l’année prochaine.  

* La générosité des Français, 25ème édition – novembre 2020.

 

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