Article publié le 07 Septembre 2022 07:00:00
par Sophie MAXENCE

La réserve aux écailles, un refuge pour animaux aquatiques

Ernesto, un arowana sauvé par l'association qui l'a placé dans un bac adapté ©La Réserve aux Écailles

Comme d’autres animaux, les poissons et tortues d’eau sont malheureusement victimes d’abandons et peu de structures sont capables d’assurer leur prise en charge. Initiée par l’aquarium de Limoges, la Réserve aux Écailles répond ainsi à un important besoin.

« En juillet nous avons reçu 75 poissons rouges. Il y a vraiment une urgence pour les prises en charge. » Katia Autier, chargée de mission de La Réserve aux Écailles (87) veut tirer la sonnette d’alarme. Ce refuge, créé en mai 2021 par l’aquarium de Limoges, est unique en son genre. Son centre de soins, situé dans les locaux de l’aquarium, est en mesure d’accueillir les animaux aquatiques abandonnés ou maltraités, venus des douanes, des saisies judiciaires, des laboratoires ou bien encore des particuliers.

« Depuis son ouverture en 1993, l’aquarium a toujours reçu des demandes de personnes qui ne savaient pas trop quoi faire de leurs poissons pour différentes raisons. Mais d’années en années, ces demandes se sont intensifiées. L’aquarium ne pouvait plus faire face et nous avons décidé de mettre en place une deuxième structure qui pourrait gérer tous ces abandons. C’est ainsi qu’est née La Réserve aux Écailles, un organisme d’intérêt général » détaille Katia Autier.

Le centre de soins et l'espace des poissons rouges ©La Réserve aux Écailles

Depuis son ouverture, les équipes de l’association, comprenant deux soigneurs bénévoles de l’aquarium, ne chôment pas. En moyenne, La Réserve aux Écailles accueille une tortue et cinq poissons par semaine. « Nous avons un protocole d’accueil, explique Katia. Lorsque les particuliers nous contactent pour leurs poissons, nous commençons par discuter de leur situation. Nous jouons un rôle de conseil auprès des propriétaires pour les aider à résoudre leurs problèmes. Lorsqu’il n’y a pas d’autres solutions que l’abandon, nous recueillons l’animal et le propriétaire remplit une fiche d’abandon afin de donner un cadre légal. Puis le poisson est mis en quarantaine pendant un mois. Cet isolement sanitaire est nécessaire et permet au poisson de s’adapter à son nouvel environnement. Après cette période de surveillance, si les animaux vont bien, ils rejoignent leurs congénères sur le parcours de visite. »

Un être vivant sensible

Les animaux les plus abandonnés par les particuliers sont les poissons rouges, les plécos (ou « poissons nettoyeurs ») et les poissons chats. Le plus souvent ces poissons deviennent une contrainte aux yeux de leurs propriétaires qui ne s’attendaient pas, faute de connaissances suffisantes, à ce qu’ils prennent de l’ampleur. « Les gens n’ont pas toujours conscience qu’un poisson est un être vivant sensible qui demande des soins et de l’entretien. Il y a un travail de prise de conscience à avoir » ajoute Katia Autier. La réserve aux écailles accueille également des animaux saisis par les douanes ou venant de laboratoires. Leur détention est très encadrée par la loi, comme les Axolotl ou les tortues, voire interdites pour certaines espèces invasives comme les tortues de Floride.

La réserve accueuille en moyenne une tortue par semaine. Chaque animal doit être pucé. L'acte coûte 50 euros ce qui représente un important budget. ©La Réserve aux Écailles.

Pour accueillir tous ces animaux, La Réserve aux Écailles a besoin de place. Ainsi, les soigneurs souhaitent réorganiser l'espace des quarantaines de l'Aquarium public pour en laisser une partie aux animaux abandonnés de l’association. Et comme il n’est pas possible de pousser les murs, La Réserve aux Écailles s’organise pour travailler en réseau avec d’autres aquariums ou associations. De plus, Katia Autier est en train de développer un système de familles d’accueil uniquement destiné, pour le moment, aux poissons rouges. « Actuellement nous avons trois familles équipées de très beaux bassins et qui savent s’occuper des poissons rouges. Les soigneurs bénévoles de la réserve assurent aussi un suivi pour prévenir d’éventuels problèmes ou difficultés de prise en charge. »

Rejeter son animal aquatique dans la nature : un acte de malveillance

Comme beaucoup d’autres refuges animaliers, La Réserve aux Écailles maintient un difficile équilibre entre la lutte contre les abandons et l’accompagnement des personnes qui souhaitent se séparer de leur animal de manière responsable, plutôt que de le rejeter dans la nature. « Nous avons en général deux cas de figure : les personnes bien embêtées qui veulent faire les choses au mieux pour leur animal, et les propriétaires qui ont l’impression de nous faire un cadeau en nous donnant un poisson. Au-delà de l’acte d’abandon, ceux-là ne se rendent pas compte du coût et du temps que nous demande chaque prise en charge » déplore Katia Autier.

Paradoxalement, la hausse des abandons constatée par l’association laisse entrevoir un espoir. De plus en plus de personnes prendraient conscience que rejeter son animal aquatique dans la nature est un acte de malveillance, à la fois pour l’animal et pour l’environnement.  « Nous voulons mener un gros de travail de sensibilisation sur les espèces envahissantes, souligne ainsi Katia Autier. L’association travaille par exemple avec la ville de Limoges pour mettre en place un bassin d’accueil des poissons rouges dans les jardins municipaux.  Ce projet va notamment nous permettre de travailler avec les écoles, afin d’éduquer les plus jeunes. »

L'association organise des visites de son centre de soins pour sensibiliser le grand public. ©La Réserve aux Écailles

Ce dispositif a été pensé pour sensibiliser le public aux conditions de vie du poisson rouge à respecter. L’animal a ainsi besoin d’un volume d’eau de 50 litres minimum.  « Le poisson rouge ne vit pas dans une boule ou dans un aquarium à la maison mais bien dehors » rappelle Katia. D’autre part, l’objectif est de lutter contre les abandons sauvages en mettant en évidence les dommages provoqués par une espèce dite invasive sur la biodiversité locale. « Nous pourrons montrer à quelle vitesse les poissons vont manger toute la végétation de leur bassin. L’idée est de pouvoir comparer avec un autre bassin, sans poisson, dans lequel les plantes et les insectes s’épanouissent » explique Katia Autier.  

La Réserve aux Écailles ne manque pas d’idées et de projets pour mener à bien d’autres missions de sensibilisation. « Dans un premier temps, il faut trouver les moyens financiers pour développer notre communication. Nous avons par exemple beaucoup de frais d’impression pour tous nos supports comme les dépliants et les affiches. Si quelqu’un a une imprimante et un stock de cartouches et de papiers, nous sommes preneurs ! »  

 

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