Article publié le 05 Juin 2024 12:00:00
par Sophie MAXENCE

Un numéro surtaxé pour gérer l'afflux des demandes

Pour faire face aux demandes de prises en charge de chats et chatons, qui explosent l’été, l’association 40 en Chats a mis en place des appels téléphoniques payants. L’objectif : filtrer et mieux gérer les demandes, tout en sensibilisant à la problématique de la prolifération féline.

« Sur l'été, on reçoit entre 10 et 15 demandes de prises en charge d'animaux par jour. Il m'est arrivé de recevoir 80 appels en une journée », se souvient Rachel Moriceau, présidente de l'association 40 en Chats basée à Carentan-les-Marais dans la Manche (50). Face à cette situation qui se répète année après année, l'association a pris la décision de mettre en place un numéro surtaxé. Pour contacter 40 en Chats par téléphone, il faut désormais composer un numéro commençant par 08, facturé 80 centimes par minute.

« L'objectif premier est de limiter les appels, détaille Rachel Moriceau. Il y a plusieurs moyens de nous contacter gratuitement, par Facebook ou par e-mail. Nous ne sommes pas un service d'urgence », rappelle la présidente. L'association, créée en 2012, trappe et stérilise les chats errants d'une cinquantaine de communes avec lesquelles elle a établi une convention. La mise en place d'un numéro surtaxé traduit une démarche de fond de la part de l'association qui mise avant tout sur la prévention pour agir de manière pérenne sur la problématique de la prolifération féline.

Ainsi, le numéro surtaxé envoie un signal fort : « On fait savoir aux gens que nous n'avons pas vocation à récupérer les chats des particuliers. Les seuls chats que l'on prend en charge sont ceux que l'on trappe nous-mêmes. » Pour Rachel Moriceau, la prolifération des chats errants incombe en grande partie aux propriétaires qui ne stérilisent pas leur animal et aux dons illégaux entre particuliers. L'association 40 en Chats travaille ainsi essentiellement sur les axes de prévention et de sensibilisation. « Le but est de stériliser les chats errants d'un côté et de l’autre, permettre aux particuliers ayant réellement des faibles ressources d'accéder à des tarifs réduits pour stériliser leurs chats », précise Rachel Moriceau.

Une collecte de fonds pour remplir les missions de l’association

Pour mener à bien ses missions, les bénévoles de l'association ne peuvent absorber toutes les demandes. « Si on répond à 80 appels en une journée, on ne fait plus rien d'autre », déplore la présidente. La mise en place d'un numéro surtaxé permet ainsi de filtrer les demandes. « Si je reçois un appel vraiment important, je rappelle la personne pour ne pas qu'elle ait à payer. Cela permet de faire le tri entre les gens irresponsables qui veulent se débarrasser de leurs chatons et ceux qui sont réellement dans l'embarras », explique Rachel Moriceau.

La démarche de l'association 40 en Chats pointe également un dysfonctionnement dans le système général de prise en charge des animaux errants, qui pèse aujourd'hui lourdement sur les associations. En France, les maires sont responsables de la capture des chiens et des chats errants. Pour assurer leur prise en charge, ils doivent veiller à ce que ces animaux soient placés en fourrière. Les communes doivent donc disposer d'une fourrière communale ou avoir passé une convention avec une autre commune ou une structure intercommunale qui en dispose. Mais « beaucoup de communes ne respectent pas la loi et n'ont pas de fourrière », dénonce Rachel Moriceau. Dans ce cas, l’association dirige « tous les chats sociables ou les chatons en divagation sur la voie publique, qui ne sont pas identifiés, vers la SPA s'il y a une fourrière » ou les prend directement en charge. « Mais nous faisons de l'accueil par défaut, parce que nous n'avons pas le choix. On ne peut pas laisser sur place les chatons pour les stériliser dans six mois » regrette Rachel Moriceau.

 

La mise en place d'un numéro surtaxé, qui fait partie de la catégorie des numéros de service à valeur ajoutée (SVA), permet également à l'association de récolter de l'argent. Même si le but premier est de limiter les appels, le numéro surtaxé « rapporte environ un peu plus de 1000 euros par an, détaille Rachel Moriceau. Pour un appel à 80 centimes par minute, on reçoit environ 60 centimes par minute. »

 

Pour mettre en place un numéro surtaxé, il faut obtenir l’autorisation de l'Autorité de Régulation des Communications Électroniques et des Postes (ARCEP). Selon cette dernière, toute association de loi 1901 peut a priori mettre en place un tel numéro, à condition qu'elle dispose d'un extrait K-bis. Puis il faut contacter « un fournisseur de numéros commerciaux pour préciser les démarches nécessaires. C'est lui qui prendra alors en charge les démarches administratives liées à une demande de numérotation à l'Arcep » précise l’autorité administrative. Il faut également savoir que les numéros SVA sont réglementés et nécessitent une attention particulière quant à leur coût et à la transparence des tarifs pour les utilisateurs. Il est notamment obligatoire d'indiquer clairement le coût de l'appel partout où le numéro SVA est publié et d'informer l'appelant du coût de l'appel par une annonce avant la mise en relation.