Article publié le 11 Février 2021 10:00:00
par Sophie MAXENCE

Les jeunes engagés pour les animaux : « un moyen de se sentir utile »

En cette période de crise, le bénévolat représente plus que jamais une opportunité pour de nombreux étudiants, mais également de jeunes actifs privés d’emplois, de lutter contre un sentiment d’inaction et de perte de lien social.

« En temps normal je devrais être en Suède. Je suis censée être en programme d’échange international mais je suis bloquée à Paris. » Comme de nombreux étudiants, Emma Lalouis-Gret, inscrite en école de commerce, a vu ses projets et ses études mis en suspens par la crise sanitaire. Avec seulement quelques heures de cours par semaine, elle a donc décidé de mettre à profit son nouveau temps libre pour une cause lui tenant à cœur. « J’ai toujours aimé les animaux, et depuis quelques années je me suis lancée dans le pet sitting pour être à leur contact. Mais avec ce qu’il se passe en ce moment, j’ai eu envie de m’engager bénévolement et d’aller sur le terrain » explique l’étudiante. Emma s’est ainsi inscrite sur la plateforme Solidarité-Animal pour proposer ses services aux refuges et aux associations.

Le cas d’Emma Lalouis-Gret est loin d’être isolé. Selon Jacques Malet, fondateur du réseau d'experts Recherches & Solidarité, on a pu observer suite à la première période de confinement de mars 2020, un ralentissement du bénévolat des séniors, exposés à plus de risques pour leur santé. Dans le même temps, une nouvelle forme d’engagement s’est développée auprès des jeunes générations. « On a (…) vu arriver de nombreux nouveaux, souvent plus jeunes qu'habituellement. Un certain nombre de personnes qui étaient en télétravail ou en télé-études ont eu plus de temps à consacrer à leurs activités extraprofessionnelles et extrafamiliales et ont eu envie de faire quelque chose qui ait du sens dans la période » a -t-il expliqué dans un entretien au journal La Croix, à l’occasion de la Journée mondiale du bénévolat du 5 décembre 2020.

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Se sentir utile

Si plus de jeunes s’engagent aujourd’hui, ce n’est pas pour s’occuper avec un nouvel hobby. Les motivations sont bien plus profondes comme l’explique Emma. Pour elle, il s’agit de redonner du sens à un quotidien bouleversé par la pandémie. « Je pense que tous les étudiants sont touchés mentalement, à des échelles différentes. Je ne suis pas dans la pire des situations car j’ai la chance d’être entourée. Mais je reste chez moi la plupart du temps en étant un peu désœuvrée, et je finis par me sentir inutile » confie-t-elle.

Comme Emma, Soumayri El Hachimi, 29 ans, s’est retrouvé malgré lui avec un surplus de temps libre à sa disposition. Assistant manager dans une brasserie parisienne, il est depuis plusieurs mois au chômage partiel. Le bénévolat est, pour lui aussi, un moyen de traverser cette période difficile alors qu’il fait partie des personnes les plus durement touchées par la crise. « Je ne peux pas travailler et je me retrouve à la maison, tout le temps. Ça m’a poussé à réfléchir à mon utilité dans la société, témoigne-t-il. Si je ne m’étais pas retrouvé dans cette situation, je n’aurais peut-être pas franchi le pas de m’inscrire sur Solidarité-Animal pour devenir bénévole. Mais j’aime l’idée de pouvoir rendre des services, trouver quelque chose de positif à faire tous les jours, surtout pour une cause qui semble très juste. »

Prendre soin de soi en aidant les animaux

Amoureux des animaux, il souhaiterait devenir famille d’accueil ou s’engager auprès d’un refuge. « Je suis originaire du Maroc et j’ai toujours beaucoup aimé les animaux, surtout les chiens. Là-bas, il y a beaucoup de chats errants et les félins sont rarement des animaux de compagnies, même si c’est en train de changer. En arrivant en France, j’ai vécu chez des cousins qui ont un chat, toujours vivant. C’est une vielle dame maintenant. Et c’est avec elle que j’ai découvert l’amour des chats. J’avais l’impression qu’elle avait une attention particulière pour moi. Dès qu’il n’y avait plus personne elle venait, j’adorais ses ronronnements. »

Emma Lalouis-Gret partage cette envie, voire ce besoin de côtoyer les animaux. Le bienfait de nos amis à quatre pattes sur notre santé, physique et mentale, n’est plus à prouver. En ces temps difficile, ils peuvent plus que jamais nous aider à aller mieux. « Je sais que si je m’occupe d’animaux, ce que préfère faire dans la vie, je ne vais pas du tout penser aux choses négatives et anxiogènes qui m’entourent, explique l’étudiante. Comme beaucoup de gens je regarde tous les jours les informations, le nombre de morts lié au virus... mon action bénévole serait une manière de casser ce rythme anxiogène. »

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Retrouver du lien social

Emma et Soumayri ont deux histoires bien différentes, mais tous deux ont en commun l’amour des animaux, la volonté de s’investir pour leur venir en aide, mais aussi l’envie de partager cet engagement. « Une des choses qui me manque le plus, c’est de pouvoir rencontre de nouvelles personnes, explique ainsi Soumayrie. A cause de cette crise, on voit toujours les mêmes gens et il n’y a plus cette possibilité de rester ouvert à d’autres manières de réfléchir, d’autres mentalités ... » Et Emma de compléter : « l’engagement bénévole est un moyen de se bouger, de sortir de chez soi, de faire partie d’un collectif avec qui on partage des valeurs communes. S’organiser, agir ensemble pour animaux : je pense que c’est un sentiment très positif. »

Emma et Soumayri sont disponibles pour intervenir en tant que bénévoles dans les refuges en Ile de France, ou pour devenir famille d’accueil.

Pour contacter Emma Lalouis-Gret, cliquez ici

Pour contacter Soumayri El Hachimi, cliquez ici.

 

Bon à savoir : le service civique évolue  
Face aux difficultés rencontrées par les jeunes, le gouvernement a récemment adapté les modalités du service civique, ouvert sans aucune condition de diplôme aux personnes de 16 à 25 ans. « Dans le contexte actuel de crise sanitaire, le Service Civique peut constituer une réponse pour aider de nombreux jeunes à trouver du sens, peut-on ainsi lire sur le site du gouvernement dédié à ce dispositif. Les étudiants volontaires du Service Civique pourront désormais bénéficier d’une modulation de leur durée hebdomadaire d’engagement (24 h minimum sur la durée globale leur mission) afin de pouvoir concilier au mieux leur emploi du temps avec leurs études. »