Article publié le 05 Mai 2020 10:00:00
par Natalie PILLEY

Reprise des adoptions : en famille d’accueil aussi !

Si le gouvernement a répondu positivement aux associations de protection animale en autorisant la reprise des adoptions au sein des refuges, il a oublié de préciser que les familles d’accueil étaient tout aussi concernées.

Cela fait partie des lacunes du communiqué du ministère de l’Intérieur du 11 avril dernier. En effet, le texte autorise la reprise des adoptions « en refuge », oubliant au passage de citer un maillon important de la protection animale : les familles d’accueil !

En effet, certaines associations pourtant très actives ne disposent pas de structure et n’accueillent aucun animal dans un refuge. Elles fonctionnent uniquement avec des familles d’accueil, au sein desquelles les animaux sont placés pour une période transitoire, le temps de les remettre sur pied physiquement et psychologiquement et/ou de leur trouver un foyer définitif.

Le même statut qu'un refuge

C’est le cas par exemple de l’association « 4 Pattes sans Toit » à Solérieux (Drôme), présidée par Agnès Féraud qui tient à rappeler le rôle majeur des familles d’accueil : « Ce sont des personnes formidables et dévouées, entièrement bénévoles, auxquelles les animaux doivent beaucoup. » Pour cette juriste de formation, engagée depuis de nombreuses années dans la protection animale, le texte du communiqué n’est pas assez clair : « Pour moi, qui n’ai pas de structure, où est-ce que je me situe ? » Après avoir contacté divers interlocuteurs de la protection animale, Agnès Féraud s’est entendu répondre que son association avait « le même statut qu’un refuge », d’autant plus qu’elle est déclarée d’intérêt général. « J’ai donc repris mes adoptions. Et il était temps, parce que je croule sous les demandes ! C’est bien simple, je n’ai plus assez d’animaux à proposer. J’ai plus de demandes que d’offres. »

Faites confiance au personnel des refuges et associations. Ils connaissent parfaitement leurs animaux, leurs caractères et leur besoin. S'ils vous dissuadent d'adopter un animal sur lequel vous avez craqué (par photo ou vidéo), c'est pour son bien-être… et le vôtre. Ils vous orienteront vers un animal qui correspond mieux à votre mode de vie ou votre tempérament.

Pas de vacances... Pas d'abandons !

Le discours d’Agnès Féraud, loin d’être aussi alarmiste que d’autres, est ultra positif : « La vérité, c’est que nous sommes dans une bien meilleure situation que l’an dernier à la même époque, car il n’y a pas eu d’abandons ! Ni au début de la crise, malgré les alertes données, ni pendant les vacances de Pâques, vu que les gens n’ont pas pu partir. Dans ma région, les refuges ne sont pas saturés. J’ai eu énormément de demandes du fait que les gens ne partent pas en vacances, ne se déplacent pas professionnellement, ne sont pas mutés, etc. Du coup, ils me disent que pour eux, c’est le moment idéal pour adopter, car ils ont du temps. »

Certains animaux ne passent jamais par la case refuge et vont directement en famille d'accueil © Shutterstock

L’association « 4 Pattes sans Toit » a donc effectué de nombreuses réservations d’animaux pendant le confinement. Depuis la reprise des adoptions, celles-ci s’effectuent directement au sein des familles d’accueil, dans le respect absolu des consignes du ministère : « Je ne force pas mes familles d’accueil à recevoir un adoptant, mais pour le moment, sur les 25 avec lesquelles nous travaillons, aucune n’a refusé, se réjouit Agnès. On fait exactement comme dans les refuges : le choix s’effectue en amont, avec une très longue conversation téléphonique préalable pour tout expliquer sur l’animal, son comportement, ses besoins, etc. J’avoue être plus regardante que jamais sur l’adoptant, afin d’éviter les adoptions « coup de tête » ! Puis un rendez-vous fixe est pris, et l’adoptant se rend seul au foyer où se trouve l’animal. La personne qui le reçoit porte un masque et des gants, les distances de sécurité sont respectées, etc. »

Les adoptions de confinement ne sont qu'une tolérance. Elles ne sont pas obligatoires pour les refuges et associations. Tous ne la proposent donc pas pendant le confinement.

Une attestation rédigée par l'association

Plusieurs adoptants de « 4 Pattes sans Toit » se sont fait contrôler sur la route, soit en se rendant chez la famille d’accueil, soit au retour avec l’animal dans la voiture, « mais aucun n’a été verbalisé, ils ont présenté aux policiers leur attestation de déplacement dérogatoire + l’attestation personnalisée que je leur ai rédigée au nom de l’association, comme c'est demandé par le ministère de l’Intérieur», précise Agnès.

 

Le passage en famille d'accueil est une étape bénéfique avant l'adoption définitive © Shutterstock

Autre satisfaction pour la présidente, décidément très optimiste : « Depuis le confinement, nous avons énormément de gens qui se sont proposés pour être famille d’accueil ! Et toujours pour les mêmes raisons :  « on a du temps », « on s’ennuie », « on a toujours voulu le faire et là c’est le moment », etc. Du coup, on ne manque ni d’adoptants, ni de familles d’accueil… À la limite, on manque d’animaux ! Les chats sont bientôt arrivés, je ne suis pas en souci, on va les placer plus facilement que jamais. »

Au final, le bilan d’Agnès Féraud est rassurant : « J’ai été très inquiète au début ; en fait, la situation a évolué favorablement. Financièrement, nous avons perdu de l’argent en mars, mais la reprise des adoptions nous permet d’en faire rentrer à nouveau. C’est juste un peu compliqué sur le plan logistique – les chèques de réservation pour les animaux n’arrivent pas par la Poste, il faut faire des virements, etc. Mais c’est juste une question d’énergie et d’organisation ! »

Habituer les chiots à rester seuls

À moyen terme, la seule crainte d’Agnès Féraud porte sur les chiots, «  qui sont actuellement 24 h/24 avec leur nouvelle famille : ils risquent de stresser et pleurer quand les maîtres vont reprendre le travail après le confinement !  Je conseille donc aux adoptants d’apprendre dès à présent au chiot à rester seul, quand ils vont faire les courses, par exemple. »

Reprise des activités caritatives

À plus long terme, Agnès avoue s’inquiéter aussi d’une interdiction éventuelle des événements tels que son association en organise toute l’année, dont les profits vont entièrement aux animaux (lisez ici notre article sur le blog)  : « Nous avons déjà annulé notre cani-cross, s’il faut aussi annuler notre loto, zumba party, bourse aux jouets…, ce serait dommage ! Même chose pour les opérations caddie, collectes alimentaires,  etc. Vivement que tout cela puisse reprendre. » 

Si tout va mieux en décembre, le marché de Noël pourra avoir lieu ! © 4 Pattes sans Toit

Enfin, la présidente espère que les vétérinaires vont reprendre les vaccinations et identifications, actuellement interrompues car censées être moins urgentes : « C’est un point embêtant à soulever, car il est important que les adoptants repartent chez eux avec des animaux identifiés et vaccinés ! »

Pour voir le profil de l’association « 4 Pattes sans Toit » et ses annonces, cliquez ici