Article publié le 14 Juillet 2021 12:00:00
par Sophie MAXENCE

Été 2021 : les associations et refuges sous tension

Ce début d’été est particulièrement dur à gérer pour les refuges et associations de protection animale que nous avons pu contacter : face à une hausse conséquente des abandons et un faible nombre d’adoptions, beaucoup de structures affichent déjà complet.

Le monde de la protection animale tire la sonnette d’alarme alors que les effets de la crise sanitaire se font sentir : la vague d’adoptions que l’on a connu lors des différents confinements se traduirait aujourd’hui par une hausse des abandons, beaucoup des acquisitions d’animaux de ces derniers mois n’ayant pas été assez réfléchies.

Dès début du mois de juillet, la SPA a indiqué qu’elle redoutait ne « bientôt plus être en mesure de prendre en charge les abandons et d'accueillir de nouveaux animaux ». Plus de 7 700 pensionnaires sont d’ores et déjà répartis dans ses différents refuges, « proches de la saturation » a-t-elle fait savoir via un communiqué.  

Pour les petites associations et refuges indépendants, la situation est également critique. Ces dernières semaines, nous avons pu constater sur Solidarité-Peuple-Animal une nette augmentation des publications d’annonces d’animaux à adopter, alors même que les adoptants se font rares en cette période estivale.  « Cette année est la pire qu’on ait vécue, nous a fait savoir Stella, co-fondatrice de l’association Nine Lives Paris (75).  En ce moment nous avons beaucoup de mal à faire partir nos animaux. Il y a encore moins de demandes d’adoptions que d’habitude, alors que nous sommes face à une vague d’abandons pire que les étés précédents. Il s’agit peut-être d’un contrecoup des confinements successifs. Les gens veulent partir en vacances et donc ne veulent pas adopter maintenant. » Le constat est le même pour l’association Animaux en Péril, dans les Bouches-du-Rhône (13), comme le détaille Pascale Beraud : « en ce moment, même les chatons ne partent pas. On espère qu’en septembre les adoptants vont revenir. »

Pas d’accalmie pour les refuges

Il faut donc espérer une amélioration de la situation à la rentrée, alors que les associations « enchaînent » depuis le début de la crise sanitaire des périodes difficiles sans trop de répit. « La situation est très, très tendue, nous sommes complets depuis quasiment le 1er février 2021 indique Helen Chastenet, la directrice du refuge Assistance et Secours aux Animaux de Châtellerault dans la Vienne (86). Normalement, la période entre novembre et début mars est plutôt calme. En moyenne l’hiver nous avons entre 5 et 10 boxs disponibles pour les chiens, et au moins deux chatteries libres pour les chats. Mais depuis le début de l’année 2020, nous avons enchainé les entrées d’animaux, été comme hiver. L’année dernière, nous avons pris en charge un quart d’animaux en plus, ce qui est quand même énorme. Mais nous avons également fait plus d’adoptions, donc nous avons pu trouver un équilibre. Ce n’est plus le cas en 2021. Nous avons beaucoup d’abandons, directement à notre bureau ou via la fourrière, mais les adoptions ne suivent pas. »

Rito, né en 2020 et abandonné dans la rue. Il attend au refuge A.S.A sa nouvelle famille. ©A.S.A Chatellerault.

 

Une situation particulièrement problématique pour les chats

En cette période de reproduction des félins, la situation est « largement plus critique pour les chats » comme le constate Helen Chastenet. « C’est la première année cet été que nous avons 50 chatons en familles d’accueil, il n’y en a jamais eu autant ; d’habitude on en a une vingtaine maximum. Ce ne sont pas des animaux sauvages du tout, ce sont des chatons qui ont vécu en famille. »

Véronique Joando, présidente de l’association Les Chats de l’Oubli en Charente (16), se désole elle aussi : « Les associations sont en train de ramasser tous les chatons sociabilisés des gens qui partent en vacances. Pendant le confinement, des particuliers ont pris des chattes, qu’ils n’ont pas fait stériliser, et il se sont trouvé avec des chatons dont ils ne savent plus quoi faire. Au moment des départs en vacances, ils les ont laissés au coin de la rue. »

Les chiens ne sont pas non plus épargnés par cette vague d’abandons, comme l’explique Helen Chastenet. « Depuis janvier nous recevons énormément de chiens via la fourrière, âgée de 9 à 14 mois. Ce sont des gros gabarits, pas du tout éduqués. Il est clair qu’il s’agit de chiots adoptés pendant la crise, sur un coup de tête. C’est vrai que les gros chiens sont magnifiques lorsqu’ils sont petits. Mais quand ils commencent à peser 40kg à 9 mois et qu’ils n’ont reçu aucune éducation, ça fait des dégâts. »

Sésame, un des chatons pris en charge par Nine Lives Paris © Nine Lives Paris

 

Une dette qui s’accumule

Selon la responsable du refuge, le manque d’argent est une des principales causes avancées par les propriétaires lors des abandons légaux. La crise sanitaire aurait également des effets sur les dons. « En ce moment j’ai mois de 50€ par mois de dons, et encore… s’inquiète Véronique Joando, des Chats de l’oubli. Les opérations caddies fonctionnent en revanche très bien, les gens sont généreux pour donner de la nourriture. Mais j’ai un gros besoin de soutiens financiers, car j’ai une dette vétérinaire de 3 000 euros ! »

La présidente est aujourd’hui bloquée et ne peut plus prendre de chats en charge. Son association paye encore les frais de la crise sanitaire. « L’année dernière, il y a eu beaucoup d’acquisitions de chats et peu de stérilisations. Mon association a fait face à une flambée de chatons qui ne venaient pas de la rue mais issus de familles. Dès que j’ai un chaton, il faut qu’il soit soigné, identifié, primo vacciné… ça me revient à environ 80 euros par individu. A ces frais s’ajoutent les urgences vétérinaires, et les soins réguliers pour mes 48 chats à charge, qui ne sont pas adoptables. »

Comme beaucoup d’autres associations, Véronique Joando se désespère du manque de stérilisation des chats de particuliers, qui rend son travail plus difficile et lui donne l’impression que les années d’action de sensibilisation sur ce sujet n’ont que peu d’effets. Il s’agit pourtant d’un acte essentiel de protection. Rappelons également que l’identification est obligatoire pour tous les chats de plus de 7 mois, nés après janvier 2012.