Article publié le 24 Mars 2023 08:00:00
par Sophie MAXENCE

Les « chiens à besoins particuliers » peuplent les refuges

Oslo le malinois et Parda le border, deux pensionnaires du refuge @Refuge de Sassay 

 

Victimes d’effets de mode et de méconnaissances des propriétaires, berger australien, malinois ou encore american staffordshire terrier sont en première ligne des abandons.

Les chiens dit « à besoins particuliers », selon la terminologie employée par la SPA, recouvrent des races très différentes telles que le berger australien, le berger belge, le malinois, ou bien encore l'american staffordshire terrier …. Le point commun entre tous ces chiens est cependant qu’ils nécessitent « des connaissances et des attentions particulières auxquelles tous les maîtres ne sont pas forcément en capacité de répondre », comme le souligne la Société Protectrice des Animaux dans son dernier bilan publié en janvier 2023. Malheureusement, cela a des répercussions directes sur les abandons. En 2022, ce type de chiens représentait 20% des pensionnaires des SPA.

Le phénomène est également observé par des structures indépendantes. Elisabeth Chanal est présidente du refuge de Sassay dans le Loir-et-Cher (41° et éducatrice canine. Elle distingue différentes catégories de chiens aux profils particuliers, dont son refuge est « submergé ». Il y a d’abord les animaux ayant besoin de beaucoup d’espace, comme le berger d’Anatolie, et qui n’en trouvent pas suffisamment dans le cadre de vie proposé par leur propriétaire. Il y a aussi les chiens ayant besoin d’une activité physique soutenue et régulière comme le berger australien. « C’est génétique, ces chiens sont faits pour courir. Si leurs propriétaires ne peuvent pas leur assurer suffisamment d’activité, parce qu’ils sont trop absents par exemple, ils vont se débrouiller pour se dépenser autrement, en occasionnant des dégâts, en hurlant, en faisant leurs besoins un peu partout, en stressant… Résultat, nous avons un nombre impressionnant d’abandons de ce genre de chiens, même des pures races. » Elisabeth Chanal évoque également les animaux ayant un grand besoin d’activité à la fois physique et intellectuelle, comme la recherche ou le pistage. L’exemple type est le malinois, aux grandes capacités d’apprentissage et « extrêmement nerveux et réactif. Il ne peut correspondre à n’importe quel propriétaire, mais les gens n’en n’ont pas conscience puisqu’on nous en abandonne énormément » déplore Elisabeth Chanal.  

La problématique spécifique des chiens catégorisés

« Nous avons également tout un quartier réservé aux molosses, détaille la présidente du refuge de Sassay. Ces chiens sont adorables avec les humains, mais très peu sociables avec leurs congénères. Ce sont des boules d'amour mais aussi des boules de muscles. » Il s’agit en quasi-majorité d’american staffordshire terrier, faisant partie depuis janvier 1999 des races de 2ème catégorie (chien de garde ou de défense). La détention de ces chiens est encadrée par la loi et leurs propriétaires doivent se soumettre à une série d’obligations : attestation d’aptitude à la détention du chien, évaluation comportementale de l’animal, souscription d’une assurance spécifique, obtention d’un permis de détention, sortie en muselière dans les lieux public…

Pongo, un staff, et Arrow, "le type même de molosses non catégorisés qui remplissent le refuges" selon Elisabeth Chanal ©Refuge de Sassay

« Nous recueillons de plus en plus ces chiens, utilisés en masse comme des armes, dans des trafics en tout genre, détaille Elisabeth Chanal. Rarement identifiés, ils se retrouvent le plus souvent en fourrière, et si des refuges comme les nôtres ne les prennent pas, ils sont euthanasiés. » Mais ces chiens sont difficilement adoptables. « Il faut des personnes qui veulent vraiment s’investir et qui nous apportent la preuve de l’ensemble des contraintes administratives avant l’adoption. »

Quelles conséquences pour les refuges ?

En parallèle de son activité de présidente de refuge, Elisabeth Chanal a créé un centre d’éducation canine. « Nous proposons, gratuitement, des cours de sociabilisation aux personnes qui ont adopté un molosse dans notre refuge, explique-t-elle. Surtout pour les chiens qui ne sont pas catégorisés mais qui restent des croisés staff et avec lesquels il faut rester attentif. » Cela fait partie de l’ensemble de mesures que le refuge de Sassay met en place pour favoriser les adoptions responsables des chiens à besoins particuliers. « Nous nous devons d’être particulièrement vigilent pour l’adoption de ces chiens, avec un questionnaire poussé et plusieurs visites au refuge, y compris avec les enfants s’il y en a car eux aussi doivent être éduqués à la connaissance et aux besoins des chiens. »

Du côté des refuges, l’accueil des chiens à besoins particuliers implique donc, le plus souvent, des adoptions plus longues, et des places en moins pour les autres sauvetages. Elisabeth Chanal souligne également « le travail de tonnerre » effectué par les soigneurs de son refuge, qui parviennent à gérer la présence de nombreux chiens et à répondre à l’ensemble de besoins qui demandent du temps et de l’énergie. « Mais cela suppose la présence d’une masse salariale conséquente » indique la présidente.  Dans un contexte d’inflation, il est difficile pour le refuge de faire face à l’ensemble des dépenses, particulièrement celles liées aux frais vétérinaires qui ont explosé. « Pour être très clair, on ne s’en sort pas sur ce point » affirme la Elisabeth Chanal. Pour soutenir le refuge et son action, les dons, les adhésions et les parrainages sont donc nécessaires.

Pour contacter le refuge, consultez le profil du refuge de Sassay