Article publié le 08 Septembre 2021 19:00:00
par Sophie MAXENCE

« Coup de gueule » des associations contre le manque de stérilisation

Alors que cet été fut particulièrement difficile pour les associations de protection animale, plusieurs bénévoles et responsables nous ont fait part de leur sentiment de dépit voire de colère contre le manque de stérilisation des chats en France.

« Nous faisons face au problème récurrent du manque de stérilisation des chats par les particuliers. On a l’impression que d’année en année, c’est de plus en plus catastrophique » se désole Véronique Joando, présidente de l’association Les Chats de l’oubli (16).

Son constat est partagé par plusieurs associations de protection animale, éprouvées par une année particulièrement difficile. La SPA fait ainsi état d’une « vague d’abandons sans précédent » ayant déferlé cet été en France, précisant que les Nacs et les chats ont payé le plus lourd tribut.

Concernant les félins, les effets de la crise sanitaire ont semble-t-il exacerbé les naissances non contrôlées de chatons, et leurs abandons. « Ce sont les associations qui ont dû prendre en charge tous les chatons abandonnés par des gens partis en vacances, indique ainsi Véronique Joando. Beaucoup de particuliers ont pris des chats sur un coup de tête lors des précédents confinements, sans les faire stériliser » explique-t-elle par ailleurs.

Les chatons nés ces derniers mois, issus de foyers mais retrouvés errants, sont reconnaissables à leurs comportements sociaux, contrairement à ceux nés dans la rue. Perdus ou abandonnés au moment des grandes vacances, ils sont venus grossir les rangs des chats des rues. Les associations ont alors été vite dépassées, comme en témoigne Evelyne Casimir, présidente de l’École du chat libre du Parisis (95). « L’année dernière on a accueilli 576 chatons, et cette année on est parti pour au moins autant de prise en charge … c’est exponentiel. On est appelé de tous les côtés, mais on ne peut pas pousser les murs. »

Un problème de fonds qui pèse sur les associations

Si la crise sanitaire a eu un effet sur la « flambée de chatons » de ces derniers mois, les associations dénoncent un problème de fond, lié à un manque de stérilisation des chats domestiques en France. Elles ne cessent de rappeler qu’elles ne pourront pas endiguer à elles seules la surpopulation des chats des rues, et la misère féline qui en découle.

« Les associations font un gros travail à travers les campagnes de stérilisation des chats errants menées avec les communes. Mais que peut-on faire contre les chats non stérilisés de particuliers, dont les petits se retrouvent dans la rue ? interroge ainsi Véronique Joando. Est-ce que les personnes se reposent trop sur les associations comme la nôtre ? J’ai l’impression que plus ça va, et que moins les gens sont responsables » regrette la présidente.

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Ainsi, malgré le travail de sensibilisation mené depuis des années par les associations et fondations de protection animale, le sort des chats des rues est encore peu envisagé comme un problème global de société. Il reste entre les mains des petites associations qui ont parfois l’impression de se battre contre des moulins à vent.

« Tous les ans ça va crescendo. L’année dernière on a effectué 805 stérilisations, en comptant les deux mois d’arrêt à cause confinement. L’année d’avant, nous en étions à 880 opérations, et c’est ainsi tous les ans. C’est un puit sans fond, je suis un peu dépité. Chaque année je me dis que nous avons fait assez de stérilisation pour ne plus prendre autant de chatons en charge, mais non ça continue » déplore ainsi Evelyne Casimir, présidente de l’École du chat libre du Parisis, qui garde malgré tout son énergie et sa combativité au service des animaux.

Une vente en ligne qui alimente la surpopulation féline

Maris Gilles, vice-présidente d’Adopte un Matou (78), pointe également un autre phénomène lié aux acquisitions d’animaux via internet. « Sur LeBonCoin, il y a aussi énormément de particuliers qui vendent des portées de chatons, ni identifiés, ni vaccinés et encore moins stérilisés, détaille-t-elle. Il existe tout un commerce de vente d’animaux qui alimente la surpopulation féline, puisque bien souvent, on retrouve ces mêmes chats dehors. »

De ce point de vue, la proposition de loi contre la maltraitance animale, en première lecture devant le Sénat fin septembre, peut-être un début de réponse. Un des articles prévoit notamment de mieux réglementer la vente d’animaux sur le web : « Internet drenne tellement de personnes que si la loi passe, cela réduira ce trafic, mais s’il existera toujours » souligne Marie Gilles. 

La responsable d'Adopte un Matou souhaiterait surtout que la législation aille plus loin dans ses proposistions : « Tant qu’il n’y aura pas de lois obligeant la stérilisation, il y aura beaucoup trop de chats malheureux en France. » La France pourrait s’inspirer de pays comme la Belgique, ayant rendu la stérilisation des chats obligatoire en 2018. Depuis le nombre d’euthanasies dans les refuges a diminué de moitié.

Par ailleurs, le travail de sensibilisation et de responsabilisation des propriétaires d’animaux est à poursuivre. C’est tout le sens de la Charte du maître responsable diffusée par Solidarité-Peuple-Animal à l’occasion de la journée mondiale contre l’abandons, et de son engagement n°3 : « je te fais stériliser ».