Article publié le 03 Novembre 2021 09:00:00
par Sophie MAXENCE

SOS Matous de Chanteloup : un exemple pour la prise en charge des chats errants

©SOS Matous de Chanteloup

Sophie Chergui, conseillère municipale déléguée à l’environnement à la mairie de Chanteloup-les-Vignes dans les Yvelines, a créé une association pour répondre à la problématique des chats errants et de la misère féline sur sa commune.

La question de la gestion des chats errants par les communes est au cœur de l’actualité. La proposition de loi contre la maltraitance animale prévoyait initialement l'obligation pour le maire de faire stériliser les chats sauvages sur sa commune. Finalement, après un passage en Commission Mixte Paritaire (CMP), le texte retenu par les députés et les sénateurs remplace cette obligation par une « une expérimentation sur cinq ans d'une action coordonnée contre la prolifération de chats errants par l'État et les collectivités locales volontaires » indique le site Vie publique.fr

Si l’on peut regretter que les campagnes de stérilisations ne soient pas rendues obligatoires, on peut souligner la prise en compte de cette question par les pouvoirs publics et l’évolution générale des communes de plus en plus nombreuses à s’engager auprès des chats des rues en privilégiant les alternatives à la fourrière et l’euthanasie*. Le tout dans un contexte de recrudescence des abandons et une explosion de naissances de chatons liées à la crise sanitaire.

©SOS Matous de Chanteloup
 

La ville de Chanteloup-les-Vignes, dans les Yvelines (78), a ainsi été confrontée à un important problème de cohabitation entre les chats des rues et les riverains, comme l’explique Sophie Chergui, élue à l’environnement en avril 2020. « Au sortir du confinement, j’ai été interpellée sur les réseaux sociaux par une habitante nous signalant que les chats s’étaient reproduits en très grand nombre dans la partie moderne de la ville. Certains habitants étaient excédés par les odeurs d’urine ou bien par des sacs-poubelle déchirés. Après m’être rendue sur place, j’ai parlé au maire de cette situation et elle m’a demandé de préparer un dossier pour mettre en place un programme de stérilisation. »

La conseillère municipale s’est alors heurtée à plusieurs difficultés. « A l’époque, je n’ai pas du tout pensé à créer moi-même une association. Après avoir trouvé, non sans mal, une vétérinaire dans les Yvelines qui a accepté de mettre en place un programme de stérilisation, j’ai contacté de nombreuses associations et c’est la présidente de « Folles des bestioles », située en Seine-et-Marne à une heure et demie de route de Chanteloup-les-Vignes, qui a répondu à ma demande. Elle a accepté de venir nous aider le temps de nous former. Les principaux objectifs étaient de savoir réaliser des opérations de trappage, et de nous entrainer à distinguer les chats sociaux, des chats plus craintifs et des chats complètement sauvages. »

« Il nous faut plus de bras pour nous aider à trapper »

En parallèle, un petit groupe de bénévoles se crée autour de Sophie Chergui qui se rend régulièrement sur le terrain pour nourrir les chats. « Nous sommes arrivés à une dizaine de personnes, et après 6 mois de formation, j’ai entamé toutes les démarches pour créer notre propre association ». SOS Matous de Chanteloup est ainsi officiellement née le 22 avril 2021. 

A ce jour, l’association a réalisé une soixantaine de stérilisation et s’est fixé comme objectif la stérilisation de 70 chats par an. « Nous sommes financé à hauteur de 2500 euros par la mairie et 2500 euros par la Fondation 30 Millions d’Amis, ce qui nous permet de réaliser plusieurs campagnes de stérilisation lors des périodes critiques de reproduction des chats » détaille Sophie Chergui. 

©SOS Matous de Chanteloup

Grâce à son expérience, l’association est aujourd’hui en mesure de proposer à l’adoption les chats les plus sociaux qui n’ont pas vocation à rester dans la rue. « Nous avons en ce moment quatre familles d’accueil qui nous aident ponctuellement, mais nous avons besoin d’étoffer notre réseau. Il nous faut aussi plus de bras pour nous aider à trapper les chats et les nourrir.  Actuellement, nous n’intervenons que sur la partie est de la ville. Je pense qu’il nous faut encore au moins deux ans pour arriver à couvrir tout notre territoire. »

« Pas mal de mairies m’appellent aujourd’hui pour avoir des conseils »

Depuis la création de l’association, Sophie Chergui constate une amélioration de la situation des chats des rues, là où SOS Matous de Chanteloup a commencé les opérations de stérilisation. « La population de chats est stabilisée et nous avons constaté une amélioration de leur santé. Mieux nourris, moins de chats développent des maladies comme le coryza. Nous avons aussi mis en place une vraie surveillance sanitaire, on commence à très bien connaître les chats et on repère facilement s’il y a des blessés ou des urgences. »

©SOS Matous de Chanteloup

L’initiative de Sophie Chergui sert aussi d’exemple aux villes voisines. « Pas mal de mairies m’appellent aujourd’hui pour avoir des conseils. J’ai été tellement désemparée quand j’ai commencé à prendre en charge cette problématique des chats errants que je partage volontiers tous les documents et dossiers que j’ai pu constituer » explique l’élue. Cette dernière est optimiste quant au développement des programmes de stérilisation des chats errants, pris en charge par les communes. « C’est une question qui interpelle de plus en plus les habitants, que ce soit pour des problèmes de cohabitation avec les félins, ou parce que des gens sont sensibles par la misère des chats errants. »

 

*Depuis la loi du 6 janvier 1999, les chats errants peuvent acquérir le statut de « chats libres » s’ils sont stérilisés et identifiés au nom d’une commune ou d’une association. Cela permet aux chats les plus sauvages de vivre en liberté, de bénéficier d’un nourrissage régulier ainsi que d’un suivi sanitaire. Un arrêté du 3 avril 2014 renforce le principe du chat libre en contraignant les maires à justifier leur recours à la fourrière et leur refus de mettre en œuvre un programme de stérilisation.

 

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