Article publié le 23 Novembre 2021 09:00:00
par Sophie MAXENCE

Adopter un chat FIV : ce qu’il faut savoir

Sur Solidarité-Peuple-Animal, plusieurs annonces proposent à l’adoption des chats positifs au FIV. Qu’est-ce que cela signifie pour l’animal ? Que faut-il savoir du côté des adoptants ? Nous faisons le point sur ces questions.

Le FIV, ou le virus de l’immunodéficience féline, s’apparente au VIH que peuvent contracter les humains. C’est pourquoi le FIV est souvent qualifié de « sida du chat ». Mal connu du grand public, ce virus peut faire peur. « Je crois que c’est avant tout ce mot de sida qui effraie, analyse Amandine, présidente de l’association No Name située dans le Calvados (14). Il y a eu beaucoup de préjugés autour du sida chez les humains, certains subsistent encore. Alors je vous laisse imaginer pour les chats… »

Le FIV est ainsi un frein important aux adoptions.  Mais qu’est-ce que ce virus au juste ? « Le FIV fait partie des virus qui se transmettent uniquement entre chats » commence par expliquer le vétérinaire comportementaliste Antoine Bouvresse. Il n’y a donc aucun risque de transmission pour les humains, ni pour les autres espèces animales, comme les chiens par exemple. « Il s’agit d’un virus dont l’organisme ne se débarrasse pas une fois atteint » poursuit le vétérinaire. Autrement dit, le FIV ne se soigne pas. Cependant, les chats testés positifs peuvent vivre plusieurs années, en bonne santé, avant que la maladie ne se déclare.

Pour comprendre, il faut savoir que le développement du FIV connaît plusieurs phases, la première étant celle de l’infection. Le virus se transmet par morsures et blessures lors des bagarres, et par voie sexuelle. Il est difficile de se rendre compte de l’infection car les symptômes sont peu visibles - « un peu de fièvre, éventuellement des troubles digestifs, mais cela passe généralement inaperçu » détaille Antoine Bouvresse. Sans test, il est donc pratiquement impossible de savoir si un chat est porteur ou non.

Intervient alors la seconde phase durant laquelle le chat est séropositif, mais pas encore malade. Cela peut durer plusieurs années durant lesquelles l’animal peut vivre normalement. La troisième phase est celle de la maladie, incurrable. Lorsque le virus se déclare, le système immunitaire du chat se dégrade et il devient extrêmement vulnérable. « Les infections à répétion font partie des premiers signes les plus courants, indique Antoine Bouvresse. Une des caractéristiques est la stomato-gingivite, une inflammation de la langue, du fond de la gueule et des gencives qui handicape fortement les chats pour s’alimenter. A plus long terme, des maladies du sang peuvent se développer, avec des leucémies plus ou moins aigües. »

Kozy est un mâle tigré blanc, testé postifi au FIV- Il est proposé à l'adoption par Ker Kaz'h © Ker kAz'h

Les questions autour de l’adoption

Une fois ces éléments en tête, qu’en est-il de l’adoption des chats testés positifs au FIV ? Certaines associations se battent pour offrir à ces animaux les mêmes chances que les autres félins. « J’ai été bénévole pour une association qui euthanasiait les chats FIV par peur de la contamination aux autres chats. Je ne supportais pas ça, confie Amandine, qui a créé No Name en juillet 2021. Je n’aime pas cette idée de tuer un chat parce qu’il est porteur du FIV alors qu’il peut très bien vivre comme n’importe quel autre matou. Heureusement, les mentalités évoluent peu à peu à ce sujet. » Comme No Name, l’association Ker Kaz’h, dans le Morbihan (56), propose régulièrement des chats FIV à l’adoption. « Il faut expliquer ce qu’est le FIV à ceux qui ne connaissent pas et les accompagner dans leur réflexion » indique une bénévole.  

Une des premières interrogations des potentiels adoptants face à un chat FIV, concerne l’espérance de vie de l’animal. « Lorsqu’un chat est contaminé petit, il peut vivre jusque 5 à 8 ans » précise à ce sujet le vétérinaire Antoine Bouvresse. Il n’y a bien sûr aucune règle en la matière et les cas varient d’un individu à l’autre. La durée de vie d’un animal, quel qu’il soit, ne peut jamais être prévue à l’avance rappelle par ailleurs Amandine : « j’ai eu des chats qui n’étaient pas porteurs du FIV et qui ont été emportés par d’autres maladies ; ils ont vécu moins longtemps que des chats FIV. »

Si les chats FIV sont donc des matous presque comme les autres, ils nécessitent cependant une attention particulière et un suivi vétérinaire régulier. Le premier signe de fatigue ou le moindre bobo ne doivent pas être pris à la légère. « A la maison, on peut régulièrement vérifier l’état de santé de son chat en étant attentif à sa température, à l’état de sa bouche ou encore en prenant son poids » conseille ainsi Antoine Bouvresse.

La stérilisation : la recommandation n°1 pour les chats FIV 

Une autre des grandes préoccupations concerne la cohabitation entre les chats porteurs et les chats non porteurs. « Il faut être très clair à ce sujet, le risque zéro de contamination n’existe pas » souligne le vétérinaire. Cependant la cohabitation est envisageable à condition que les caractères des différents chats leurs permettent de vivre paisiblement sur le même territoire, sans bagarre. 

Par ailleurs, la stérilisation du chat FIV est incontournable. Cela permet non seulement d’éliminer le risque de propagation du virus par voie sexuelle, mais également de diminuer le caractère belliqueux du chat, particulièrement si ce dernier a accès à l’extérieur. Se pose alors la troisième grande question concernant les chats FIV : faut-il les laisser sortir ou pas ? Certaines associations le déconseillent vivement, d’autres préfèrent raisonner au cas par cas, en fonction du comportement de l’animal, et à condition, encore une fois, que le chat soit stérilisé.

« Récemment à l’association, des personnes qui ne connaissaient pas la maladie ont adopté un chat FIV, relate Amandine de No Name. J’ai pris le temps de leur expliquer ce que c’était et je les ai rassurés en leur disant que s’ils avaient le moindre souci, je répondrai présente. Mais dans ce cas précis, c’est véritablement le caractère du chat qui a emporté sur tout le reste. » L’association Ker Kaz’h encourage également les futurs adoptants à s’intéresser avant tout à la personnalité de l’animal : « quand on a un projet d’adoption, quel soit l’animal, c’est important de venir d’abord le rencontrer pour ensuite décider de la chance qu’on va lui donner. »