Article publié le 18 Novembre 2021 16:00:00
par Sophie MAXENCE

Dans la Marne, un programme de chats libres à la ferme fait ses preuves

En lien avec des agriculteurs, l’association Adopte un Matou a mis en place une solution originale pour permettre à des dizaines de chats de vivre librement et en toute sécurité à la campagne. On vous en dit plus :

« On a commencé à placer des chats libres il y a environ un an. C’est tout neuf et on espère vraiment que ça va se développer. » Marjorie est la responsable logistique et marketing de l’association Adopte un Matou, qui œuvre en région parisienne. Lorsqu’elle a décidé, il y a quelques années, de quitter la capitale pour s’installer dans la Marne avec son époux, elle a développé des contacts avec différents acteurs locaux afin de poursuivre et d’étendre ses activités dans la protection animale. C’est ainsi que ce programme de chats libres à la ferme a pu voir le jour.

Tout a commencé il y a trois ans par des appels à l’aide d’agriculteurs qui se trouvaient face à une surpopulation de chats sur leur exploitation. « Ici, beaucoup d’agriculteurs sont confrontés aux problèmes de chats abandonnés sur leurs terrains. Certains veulent bien les accepter, mais ils n’ont pas le temps avec leurs horaires de les trapper et de les stériliser. Résultat, ils peuvent très vite se trouver dépassés. Quand je suis arrivée dans la région, j’ai vu passer pas mal d’annonces pour faire adopter des chatons issus de fermes. C’est alors que je suis intervenue » explique la bénévole.

Les chats "entament une nouvelle vie, en toute sécurité, avec les agriculteurs qui les nourrissent" © Adopte un Matou

Avec l’aide de Marjorie, plusieurs agriculteurs ont ainsi pu mener des campagnes de stérilisation, si bien que les populations félines ont fortement diminué. « On a expliqué aux agriculteurs que peu à peu, ils n’auraient plus de chats dans leurs terrains, poursuit Marjorie. Ce qui n’est pas leur souhait, car la présence des chats dissuade les rats et les mulots qui s’attaquent aux récoltes ou grignotent les fils électriques des tracteurs. »

Un programme qui se développe, grâce au bouche-à-oreille

C’est alors qu’est véritablement née l’idée du programme des chats libres à la ferme. Il s’agit d’offrir à des chats des rues, stérilisés et soignés, un nouvel environnement au sein de l’exploitation d’un agriculteur. Ce dernier, en échange des « services » rendus par les matous, s’engage à pourvoir à leurs besoins, à les soigner et à faciliter leur transition entre leur lieu de vie d’origine et leur nouvel environnement. A leur arrivée, les félins restent ainsi quelques temps dans une dépendance de l’exploitation, puis sortent peu à peu pour profiter, en toute sécurité, du terrain de l’agriculteur. 

Les chats sont trappés et placés sur les exploitations après avoir été soignés et stérilisés © Adopte un Matou

« Pour mener à bien ce projet, nous travaillons en partenariat avec un association de chats libres d’Épernay, La main alapatte (51), détaille Marjorie. Nous prenons en charge tous les chats des rues qui n’ont pas vocation à rester dehors : les plus sociaux, les mamans avec leurs chatons, les plus âgés … Une partie est proposée à l’adoption par notre association. En ce qui concerne les chats les plus sauvages, les plus craintifs, ou ceux qui, tout simplement, ne sont pas fait pour vivre en intérieur, nous les confions à des agriculteurs qui veulent bien s’en occuper. Certain peuvent accueillir une dizaine de chats chez eux, ce qui est vraiment pas mal ! »

Aujourd’hui, Adopte un Matou travaille avec quatre exploitations dans la Marne. « Au début, nous n’avions que deux agriculteurs partenaires » se remémore Marjorie qui se réjouit du développement de ce programme, grâce au bouche-à-oreille.

Si dans d’autres pays ce genre d’initiative existe depuis un moment, comme aux États-Unis où l’on compte plusieurs Barn Cat Programs, en France cela reste plus confidentiel. « C’est vrai que ça demande pas mal d’investissement et de temps pour rencontrer les agriculteurs, ce qui peut expliquer que ce genre de partenariat entre des associations et des fermes est encore peut courant » indique Marjorie. Il existe aussi souvent une méfiance réciproque entre le monde de la protection animal et le monde rural qui ne facilite pas les échanges, reconnaît pas ailleurs la bénévole. Mais pour Marjorie, il est dans l’intérêt de tous, et surtout des animaux, d’aller au-delà des a priori. « Il faut ouvrir le dialogue » conclut-elle.

 

Pour contacter l’association et la soutenir dans ses actions, notamment via des dons de nourriture, vous consultez son profil ici.