Article publié le 30 Mai 2022 16:00:00
par Sophie MAXENCE

« Saison des chatons » : une situation toujours tendue pour les associations

Chaque année, le printemps et l’été sont des périodes critiques pour les associations confrontées à la période de reproduction des félins. Les bénévoles nous font part de leurs inquiétudes et de leurs difficultés, sur fond de crise économique.

« On n’est qu’au début et la situation est déjà dramatique. Il y a des associations qui ne vont pas se relever » craint Sophie Chergui, fondatrice de l’association SOS Matous de Chanteloup dans les Yvelines (78). Chaque année, au printemps et à l’été, périodes de reproduction des chats, les associations qui s’occupent des félins tirent la sonnette d’alarme. Les naissances non contrôlées des chats des rues, mais également des chats de particuliers, finissent par saturer les petites structures et les bénévoles se sentent vite débordés face aux demandes de prises en charge qui affluent. Cette année ne fait malheureusement pas exception à la règle.

« Nous sommes dans une période de grosse incertitude financière »

Deux ans après le premier confinement lié au Covid 19, les associations de protection animale sentent encore les effets de la crise sanitaire. Les campagnes de stérilisation des chats errants avaient alors été mises à l’arrêt, au moment où les associations sont les plus actives pour éviter les naissances non contrôlées. On connaît bien la suite. L’été 2020 et de l’année 2021 ont été des périodes particulièrement éprouvantes pour les associations confrontées à une forte hausse des naissances de chatons. Et le phénomène est loin d’être terminé comme a pu le noter Katia Sourisseau, vice-présidente de l’École du Chat libre de Poitiers située dans la Vienne (86) : « On continue de subir les effets du Covid. C’est exponentiel. Une maman qui peut faire deux portées par an, mettons de 5 chatons, vous imaginez derrière ce que ça représente… »

Résultat, les associations arrivent encore plus rapidement à saturation face au nombre de chatons errants à sauver. Mais la problématique n’est pas seulement liée aux chats des rues selon Katia Sourisseau : « En ce moment nous avons beaucoup de demandes de prises en charge de la part de particuliers nous expliquant qu’ils ne s’étaient pas aperçus que leur minette était gestante et qui ont découvert des chatons dans leur jardin, leur grenier, leur maison. La stérilisation des chats n’est plus perçue comme une priorité par les propriétaires. Nous sommes dans une période de grosse incertitude financière et les gens font l’impasse sur une opération qui coûte environ 120 euros pour une femelle. » La vice-présidente indique également recevoir plusieurs demandes de personnes ne pouvant plus assumer financièrement leur chat, ce qui contribue à augmenter le taux d’abandons d’animaux.

Des associations fragilisées

Dans ce contexte déjà difficile, on observe à certains endroits une baisse des adoptions auprès des associations. Là encore, la bénévole de l’École du Chat Libre de Poitiers y voit une raison financière, les particuliers qui souhaitent acquérir un chat se détournant des associations auprès desquelles les adoptions sont payantes. « Les gens préfèrent prendre gratuitement un chat via les réseaux sociaux » analyse-t-elle. Pour Solène Huet, vice-présidente de l’association Le Yéti située à Taverny dans le Val-d’Oise (95), la baisse des adoptions est également significative. « Nous avons des chats nés l’année dernière qui sont toujours en famille d’accueil. Ça limite les places pour de nouvelles prises en charge, et nos rentrées d’argent pour pouvoir soigner de nouveaux animaux » détaille-t-elle. 

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Le manque d’argent se fait d’autant plus ressentir que les dons numéraires sont de plus en plus sporadiques. « Nous recevons beaucoup de matériel ou de croquettes. Les gens restent généreux pour les dons en nature, souligne ainsi Sophie Chergui. Mais cela fait un moment que nous n’avons pas eu de dons financiers. Ce qui m’a interpellée c’est une cagnotte en ligne que j’ai lancée pour régler une facture de l’ablation de l’œil d’un de nos chats, d’un montant de 300 euros. La cagnotte est vide pour le moment, ce qui n’arrive jamais. C’est difficile pour tout le monde en ce moment. »

Tout cela intervient dans une période où les associations sont déjà fragilisées, comme l’explique Isabelle, bénévole au sein de l’association PFDUA (Protection Féline des Ulis et Alentours) localisée dans l’Essonne (91). « L’année dernière nous avons eu beaucoup de frais vétérinaires et il y a eu beaucoup d’abandons juste après les déconfinements. Notre trésorerie est donc assez basse. »

Les dons de nourriture, de matériel et les familles d’accueil sont recherchés

Pour venir en aide aux associations, outre les soutiens financiers, les dons de matériel et de nourriture sont toujours précieux. « Croquettes, pâtées, cages de transport, coussins, paniers, cages pour trapper, parcs à chatons… on a vraiment besoin de tout » indique ainsi Isabelle, bénévole pour l’association PFDUA. Katia Sourisseau, de l’École du Chat Libre de Poitiers souligne également l’importance de tous les produits de soins : « sérum physiologique, compresses, petit booster d’immunité, vitamines … tout ce qui nous permet de prendre soin de nos chats sans consultation véto et qui nous est primordiale, sans oublier les vermifuges et les antipuces. »

Enfin pour ceux qui souhaitent donner de leur temps, les familles d’accueil sont activement recherchées en cette « saison des chatons », pour recueillir les petits félins, souvent avec la maman, et les socialiser en vue d’une adoption. « On lance un gros appel pour trouver des familles d’accueil car nous en manquons, surtout pour prendre en charge nos chats blessés » fait savoir Sophie Chergui de SOS Matou de Chanteloup dans les Yvelines.

L’association Les Boules de Poils, dans la Nièvre (58) est également à la recherche de bénévoles supplémentaires : « Ce qui nous manque aujourd’hui, ce sont des familles d’accueil, indique ainsi Magali Huyghues des Étages. C’est très dur à trouver, car il faut des personnes de confiance, dynamiques, qui aiment vraiment les animaux et s’en occuper. Celles que nous avons déjà sont absolument formidables, et je les remercie pour tout le travail qu’elles font » tient à souligner la présidente des Boules de Poils.

 

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