Article publié le 25 Janvier 2019 09:00:00
par Katia RENARD

Quelles sont les chances de succès d'une nouvelle adoption ?

La majorité des abandons sont le faits de comportements jugés inadaptés par les anciens propriétaires. Réels, opportuns ou imaginaires, ces motifs d'abandon nuisent-ils à une nouvelle adoption en refuge ? Les retours d'animaux adoptés sont-ils fréquents et pour quelles raisons ? Antoine Bouvresse, vétérinaire comportementaliste répond…

En 2007, une étude a été menée en Angleterre afin de déterminer quels étaient les comportements indésirables causant l’abandon d’un animal et comment ces derniers évoluaient après leur adoption. Des questionnaires ont alors été mis à la disposition du refuge et complétés à l’entrée de l’animal, puis 2 semaines et 6 semaines après son adoption. Sur 20 motifs d’abandon signalés à l’arrivée de l’animal, seuls 5 ont persisté 6 semaines après l’adoption : les agressions envers les inconnus, les chiens inconnus et le vétérinaire, la peur chez le vétérinaire et les manifestations anxieuses lorsqu’ils restent seuls. Toutefois, la pertinence de l’étude se heurte à l’outil utilisé (le questionnaire n’est pas très adapté pour prévoir les éventuels comportements indésirables qui pourraient survenir après l’adoption) et à l’évolution que peuvent connaître les comportements plusieurs mois après l’adoption (dans le bon sens comme dans le mauvais !).

Mésentente dans le nouveau foyer

Cette étude a aussi examiné les causes des adoptions ratées, celles qui ont conduit au retour de l’animal.  La raison principale invoquée était un problème de comportement « seulement » pour 1/3 des retours :  malpropreté, fugue, destruction, anxiété de séparation, agression, mais aussi hyperactivité ou encore timidité. Pour les deux autres tiers, c’est la mésentente entre le chien nouveau venu et l’enfant de la famille ou l’animal déjà présent (chien ou chat) qui était la cause du retour. Cette dernière est d’ailleurs signalée dans plusieurs autres études, ce qui laisse penser que la présence d’un autre animal dans le foyer adoptant est un facteur non négligeable d’échec à l’adoption. On notera toutefois que ces études ne tiennent pas compte des compétences des adoptants ni du passif du chien adopté.

D’une manière générale, le retour de l’adopté survient très rapidement après son départ. 55% d’entre eux reviennent au refuge dans les 2 semaines qui ont suivi son adoption. Car dans un cas sur deux, l’animal adopte un comportement jugé indésirable dès les premières 24 heures contraignant les adoptants à revenir très rapidement sur leur décision. Plus tard, entre la deuxième semaine et le deuxième mois après le départ du refuge, on observe ce que les chercheurs nomment un « âge d’or » de l’adoption car c’est le moment où le taux de retour est le plus faible (6%). L’animal s’est alors adapté à son environnement et les comportements liés au stress ont diminué. Un sursaut d’abandon a lieu à nouveau après le deuxième mois et jusqu’à 6 mois après l’adoption, où le taux d’abandon remonte à 15%, comme sur la période 6 mois/1 an. Selon certaines études, c’est l’apparition de nouveaux comportements indésirables et/ou le retour de comportements indésirables déjà présents qui, en s’aggravant entre 2/4 mois après l’arrivée au sein du nouveau foyer, sont la cause du retour de l’animal.

Les séquelles de l'abandon

Pour autant, les chiens qui restent dans leur nouveau foyer ne sont pas des chiens « parfaits ». Leur passif, leur éducation, leur tempérament, l’abandon souvent… ont aussi laissé des traces sur leur comportement. Pour plus de la moitié d’entre eux, après 4 semaines d’adoption, ce sont les réactions de peur qui sont décrites par leurs adoptants. Peur des membres de la nouvelle famille, de leurs réactions, des inconnus, des situations nouvelles… Viennent ensuite l’activité excessive (pour 37%), les destructions (24%) et la malpropreté (21%). L’agressivité envers les humains et d’autres chiens ne représente respectivement que 5,5% et 9% des problématiques évoquées 4 semaines après l’adoption.

L’âge joue aussi un rôle important dans le succès (ou l’échec) d’une adoption. Les chiots expriment ainsi moins de comportements indésirables, et en particulier très peu de comportements de peur ou sexuels. Entre 6 et 12 mois, la famille adoptante leur reprochera essentiellement une tendance plus appuyée à être très-trop actifs et aboyeurs tandis que c’est sur les chiens adultes que les comportements agressifs envers leurs congénères seront statistiquement les plus répertoriés.

Socialiser dans les refuges

Les problèmes de comportement sont toujours dus à plusieurs facteurs et sont et complexes. Il serait donc réducteur de mettre une étiquette à un chien uniquement en l’observant en refuge : celui-ci est « agressif », celui-là « hyperactif », « inhibé « … Chaque individu, avec son histoire et son tempérament réagira différemment à un environnement donné. Il est donc important (et désormais obligatoire) de proposer en refuge des moments de détente dans des parcs avec des congénères, dans un environnement non stressant pour mieux appréhender ses réactions. Les systèmes de famille d’accueil peuvent être des alternatives intéressantes pour observer le chien dans un contexte familial et donner les meilleurs conseils pour un placement définitif réussi.