Article publié le 20 Décembre 2019 16:00:00
par Natalie PILLEY

Une famille d'accueil raconte son quotidien

Vous aimeriez être famille d’accueil ? Voici le témoignage de Priscilla Bourry, qui nous a dévoilé son quotidien au service des animaux recueillis par l’association « 4 Pattes sans Toit ». Idéal pour mieux comprendre en quoi consiste cette démarche entièrement bénévole…

Être famille d’accueil est une magnifique façon d’aider les animaux de refuge, le temps que l’association leur trouve un foyer d’adoption définitif. Mais attention : il ne suffit pas d’aimer les animaux pour réussir et s’épanouir dans cette démarche ! Cela demande du temps, de l’énergie, de l’investissement personnel, des compétences… et même de la psychologie, lorsqu’il s’agit de choisir les futurs adoptants.

Priscilla avec le chaton Caramel, encore en quarantaine ! © N. Pilley/Solidarité-refuges

Pour le blog de Solidarité-refuges, nous avons rencontré Priscilla Bourry, 34 ans, dans sa maison de Montélimar (Drôme). Cette jeune femme, également maman de 4 enfants, a choisi depuis plusieurs années d’être famille d’accueil pour l’association « 4 pattes sans toit » située à Solérieux. Avec enthousiasme, générosité et honnêteté, elle a répondu à toutes nos questions. Nul doute que ses réponses vous seront très utiles si vous avez envie, vous aussi, de sauter le pas !

Comment êtes-vous devenue « famille d’accueil » ?

Nous avons connu l’association « 4 pattes sans toit » parce que ma belle-mère y a adopté un animal. Ensuite, nous avons adopté deux chiens, un patou croisé border collie et un husky, et pris en famille d’accueil un berger australien que finalement nous avons gardé. Actuellement, à la maison, nous avons ces 3 chiens qui sont les nôtres, et nos 2 chats Mimine et Pop Queen. En plus, dans le cadre de la famille d’accueil, nous avons 4 animaux : Flora, une chihuahua, Gamin, un chat noir, Caramel, un chaton de 3 mois qui est actuellement en quarantaine dans la salle de bains parce qu’il a la teigne, et sa mère, Princesse.

Cela fait donc 9 animaux en tout ! Et visiblement, ils ont le droit d’entrer ?

Oui, on adore les animaux à la maison ! Ils peuvent être dans le jardin s’ils le souhaitent, mais il ont l’autorisation de rentrer. Et ils dorment à l’intérieur, souvent sur notre lit…

Pouvez-vous refuser un animal que l’association vous propose ?

Oui, par exemple si ça ne passe pas avec l’un des nôtres. Mais ça n’est arrivé qu’une fois. L’association fait très attention à ne pas nous proposer des animaux qui ne conviendraient pas à notre mode de vie.

Et côté hygiène, entretien de la maison… ? Ce doit être un sacré boulot !

Ici, l’aspirateur, c’est trois fois par jour ! Mais bon, on a nos astuces. Par exemple, nous avons appris à tous nos chiens à s’essuyer les pattes sur une serviette que nous mettons à l’entrée.

Tanaïs, 5 ans, partage l'amour des animaux de sa maman © N. Pilley/Solidarité-refuges

On le fait nous-mêmes, on marche avec eux, on leur montre… et ils comprennent très vite qu’il faut faire pareil à chaque fois qu’ils entrent.

Y a-t-il des aménagement spécifiques à faire à la maison ?

Pas tant que ça. Bien sûr, il faut accepter d’avoir dans son salon beaucoup de paniers ou des cages de dressage ! Mais nous n’avons pas changé notre façon de vivre pour autant, ni enlevé nos meubles. En fait, chacun s’adapte : nous nous adaptons à eux, à leurs besoins, et eux s’adaptent à nous. C’est vraiment un échange mutuel.

Priscilla, vous avez 4 enfants âgés de 14, 12, 10 et 5 ans. Être famille d’accueil en plus, ce n’est pas trop lourd ?

Non, justement, parce que j’ai une maladie qui m’empêche de travailler à l’extérieur et m’oblige à rester à la maison. Toute la journée, mon mari est au travail et mes enfants à l’école. Alors les animaux me tiennent compagnie. Bien sûr, c’est du travail, mais c’est fou tout ce qu’ils nous rendent ! Et puis mes enfants m’aident à laver les animaux, les nourrir, leur donner le biberon…

Il faut aussi avoir un mari qui accepte de vivre avec tous ces animaux en promiscuité ! C’est forcément le cas, n’est-ce pas ?

Oui, bien sûr, mon mari adore les animaux et il m’aide, par exemple à sortir les gros chiens. Je dois aller régulièrement à l’hôpital, c’est alors lui qui gère les animaux et les enfants. Cela m’est même arrivé de donner mes instructions à  distance depuis l’hôpital, en vidéo-conférence !

En tant que famille d’accueil, avez-vous d’autres rôles à assumer ?

Pour les opérations-caddie, je ne peux plus les faire à cause de ma maladie. Mais je fais beaucoup de démarches administratives : comme toutes les familles d'accueil, je remplis les documents officiels, les papiers d’inscription… C’est moi aussi qui emmène les animaux chez le véto pour les vaccins, etc., car je peux conduire.

Ces animaux, vous vous y attachez… et après, ils partent ! Comment gérez-vous cette séparation ?

C’est vrai, on pleure toujours quand ils partent ! Mais de toute façon, on ne peut pas tous les garder. Alors on préfère leur trouver une bonne famille… et en sauver d’autres.  Le fait de pouvoir choisir, ça change tout.

La famille Bourry accueille aussi bien les chiens que les chats © N. Pilley/Solidarité-refuges

C’est donc vous qui choisissez les adoptants ?

L’association fait un premier tri par téléphone (par exemple, s’il faut impérativement un jardin), et ensuite elle m’envoie les adoptants potentiels. Je ne prends jamais de décision par téléphone, je veux toujours les rencontrer en présence des animaux.  Je tiens à choisir la meilleure personne possible, je regarde si l’animal va vers elle… Il faut que l’animal ait le coup de cœur aussi ! D’ailleurs, parfois, une personne vient pour un animal qu’elle a vu en photo… et elle en prend un autre !

Les gens ont-ils le droit de revenir plusieurs fois ?

Oui, par exemple lorsque l’animal est en quarantaine, ou lorsqu’il n’a pas encore 2 mois pour les chiots ou chatons. Ainsi les gens peuvent créer le lien. Et le jour où l’animal part pour de bon, il connaît déjà son nouveau maître et il n’est pas stressé.

Gardez-vous ensuite le contact avec les adoptants ?

Oui, bien sûr ! On rend visite aux animaux qui ne sont pas loin de chez nous. Cela nous arrive même de les reprendre à la maison pour les garder quand leurs adoptants partent en vacances.

Justement, à propos de vacances… Peut-on en prendre lorsqu’on est famille d’accueil ?

On part chaque année en août. Ma belle-mère vient garder les animaux qui sont à nous, et ceux que nous avons en famille d’accueil, nous les plaçons provisoirement… en famille d’accueil !

En moyenne, quelle est la durée de vos gardes transitoires en tant que famille d’accueil ?

Si nous récupérons des chiots ou chatons nouveau-nés, nous les gardons 2 mois puisqu’ils ne peuvent pas partir avant. Mais s’ils ont passé 2 mois, ça nous arrive aussi de ne garder des animaux que quelques jours, car les chiots et les chatons disponibles à l’adoption partent très vite ! En revanche, dès qu’ils ont 6 mois, ils sont difficiles à caser... Nous avons eu une terre-neuve qui est restée 5 ans chez nous, elle était avec ses petits, ensuite elle est partie dans une autre famille car elle ne s'entendait pas avec les miens.

Et au niveau éducation ? Faut-il avoir des compétences ?

Avec notre expérience, nous avons une grande habitude, forcément. Pas besoin de prendre de cours, il faut surtout de l’amour ! Mais il nous arrive de faire appel au comportementaliste de l’association. Elle travaille aussi bien avec les chiens que les chats et elle nous donne des conseils, par exemple s’il y a des petits soucis d’entente entre les uns et les autres, un nouvel arrivant… Ce n’est pas toujours facile à gérer, et son éclairage nous est très utile.

Se lever la nuit pour donner le biberon, ce n’est pas trop dur ?

Moi, j’aime ça ! Me lever la nuit toutes les trois heures pour donner le biberon, ça me détend. Vous savez, je ne peux plus travailler alors je me sens utile, c’est gratifiant. Je voudrais d’ailleurs remercier la présidente et tous les membres de l'association « 4 Pattes sans Toit » de la confiance qu'ils portent à toutes les familles d'accueil. Je le répète, même si c’est du travail, c'est extrêmement gratifiant... et encore plus pour moi qui suis obligée de rester à la maison.

Propos recueillis par Natalie Pilley

Utilisez Solidarité-refuges pour devenir famille d'accueil

Le témoignage de Priscilla vous a donné envie d’être famille d’accueil ? Sur la plate-forme de Solidarité-refuges, vous trouverez de nombreuses annonces postées par des refuges qui en ont grand besoin. Il y en a peut-être près de chez vous ! Allez dans l’onglet général « Annonces », puis dans la rubrique « Auteurs » tapez « Refuge », dans la rubrique « Type d’annonce » tapez « Les demandes », dans la rubrique « Rubriques » tapez « Famille d’accueil », puis indiquez un code postal, un département…

Bien sûr,  vous pouvez aussi poster une annonce en tant que volontaire pour expliquer que vous aimeriez être famille d’accueil !

Retrouvez ici le profil de l’association « 4 Pattes sans Toit », pour laquelle Priscilla est famille d'accueil.